Est-ce le rôle des médias de renforcer la peur du nucléaire ? On peut se le demander en regardant et en lisant les médias allemands. Dernier exemple en date sur le site du "Spiegel" (voir lien ci-dessous) on découvre un article intitulé "Les particules de Fukoshima atteignent l'Europe". Le spectre de Tchernobyl il y a 25 ans apparaiît déjà à l'horizon. Le titre de l'article est alarmiste. Quand on lit le texte, on découvre des citations d'expeerts expliquant que la radioactivité de ce nuage est inférieure aux valeurs normales. 

La vente des détecteurs de radioactivité Geiger augmente en Allemagne de même que les tablettes d'iode. Hier, le ministère de l'Agriculture et de la Défense des consommateurs évoquait l'interdiction de l'importation du poisson japonais dont les ventes sont quasiment proches de zéro.

Knut nous a quitté. L'ours polaire du zoo de Berlin qui avait fait vibrer des milliers d'enfants et leurs parents, provoqué un hype médiatique incroyable dans le monde entier et une commercialisation à outrance a  été retrouvé mort ce samedi à l'âge de quatre ans au zoo de Berlin. 

Pas de chance pour lui, au moment où l'ONU intervient en Libye et où une catastrophe nucléaire menace au Japon, l'ordre des priorités reprend le dessus. 

Mais il est vrai que la peau de l'ours avait été vendue avant sa mort. 

A l'automne dernier, le gouvernement conservateur adoptait une loi prolongeant la durée d'utilisation des centrales nucléaires allemandes. Cette promesse au coeur du programme des chrétiens-démocrates et des libéraux un an auparavant est une des rares questions qui continuent à fortement polariser les esprits en Allemagne. La gauche qui avait fait adopter l'abandon du nucléaire d'ici le début de la prochaine décennie voyait son héritage remis en cause. Les anti-nucléaires reprenaient du poil de la bête mobilisant forterment leurs troupes.

Aujourd'hui, Angela Merkel après les accidents nucléaires au Japon opère un sensible virage sur l'aile avec un moratoire de trois mois et l'arrêt durant cette durée de sept réacteurs.

Une fois de plus, une des valeurs centrales scellant l'identité des chrétiens-démocrates allemands a du plomb dans l'aile. Les troupes conservatrices de la chancelière ont le tournis face à une nouvelle étape de la révolution culturelle merkelienne.

"Vous n'êtes pas Allemand, non?" Le peintre de passage ce matin chez moi pour un dégât des eaux était perspicace. Même après vingt ans, un accent -et accessoiremment un nom de famille- trahissent toujours le Gaulois même bien intégré.

Nous voilà donc parti dans une discussion sur les mérites respectifs de nos deux pays. Dans son accent berlinois très "rustique", Herr Steffen, la cinquantaine arrondie recouverte d'une chemise de bûcheron canadien, de s'étonner: "Mais pourtant, la France c'est quand même mieux qu'ici".

La définition du mot scandale est variable d'un pays à l'autre. La barre est placée plus ou moins haut sur l'échelle de l'éthique politique selon que l'on se trouve à Berlin, Paris ou Rome.

Le ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg est depuis mercredi sur la sellette (voir article précéent). Il se voit reproché d'avoir abusé du copier-coller dans sa thèse de droit en omettant de citer l'origine de plusieurs dizaines de passage.

On a déjà vu un homme politique démissionner en Allemagne parce qu'il avait utilisé une femme de ménage au noir. L'an dernier, la présidente de l'Eglise évangélique a tiré sa révérence après avoir été arrêtée au volant après un verre ou deux de trop.

Le faire sans le dire: c'est ainsi qu'on pourrait traduire l'attitude de Berlin sur le "gouvernement économique" européen, un souhait de toujours de Paris qui a longtemps fait figure de chiffon rouge en Allemagne. Aujourd'hui, Angie parle d'un "pacte de convergence et de compétitivité". Quand le jargon technocratique évite de s'étriper.

Le président français Nicolas Sarkozy (d) et la chancelière allemande Angela Merkel, au sommet de l’Union européenne, à Bruxelles, le 4 février 2011.
RFI/Piotr Moszynski

C'est une spécialité allemande qui surprend toujours l'étranger qui débarque : l'obligation faite après un déménagement de s'inscrire auprès d'une administration dépendant de la mairie ("Anmeldung"). 

A Francfort, une employée de ce service, une Allemande d'origine marocaine, porteuse d'un foulard depuis longtemps, voulait désormais accueillir les visiteurs revêtue d'une burqa. La ville comme la région ont décidé de s'y opposer.

La bonne vieille démocratie-chrétienne n'est plus ce qu'elle était, catholique, conservatrice et partisane des trois K pour la gente féminine (en allemand "Kirche, Küche, Kinder"; en français: "Eglise, cuisine, enfants").

Dernier exemple en date, des chrétiens-démocrates peu suspects de gauchisme et d'athéisme exalté se prononcent contre le célibat des prêtres. Benoît XVI se serait bien passé de cette proposition à quelques mois de sa visite officielle dans son pays natal.

Dans la bulle (sans jeu de mots), on peut lire:

"Je ne connaîtrai pas le mariage des prêtres de mon vivant, mais nos enfants auront peut-être cette chance !!"

"La liberté ou la communisme": dans son éditorial de ce lundi, le quotidien "Bild Zeitung", l'ancien organe central de la guerre froide, renoue avec une époque qu'on croyait périmée, quand "le monde libre" défendait pied à pied la démocratie contre les bolcheviks tentant un couteau entre les dents de franchir le mur de Berlin (dans le verbiage est-allemand, "le rempart anti-fasciste"). Explication de texte.