La catastrophe japonaise vient un peu plus alimenter une traditionnelle hostilité au nucléaire et rappelle la phobie suscitée en Allemagne en 1986 par l'explosion du réacteur de Tchernobyl lorsque les bacs à sable étaient désertés, les légumes abandonnés sur les étalages sur fond d'angoisses existentielles pendant que le Rhin servait de frontière étanche contre les méchants nuages ukrainiens, les Français continuant à vaquer nonchalants à leurs occupations. 

Le gouvernement allemand a décidé de faire à toute allure machine arrière sur une des rares réformes qu'il a imposée idéologiquement depuis l'automne 2009 et qui polarise telle une guerre de religion l'Allemagne, à savoir la prolongation de la durée d'utilisation des centrales nucléaires. C e  lundi, un moratoire de trois mois de cette prolongation a été décidé. Trois réacteurs doivent être déconnectés. Le gouvernement espère par là sauver les meubles à l'approche d'une élection cruciale dans la région du Bade Wurtemberg le 27 mars que les conservateurs détiennent depuis la guerre. 

Un sondage tout frais se passe de commentaires : huit Allemands sur dix approuvent le moratoire; 53% contre 43% pensent que le nucléaire doit être abandonné au plus vite. Sept Allemands sur dix estiment même qu'une catastrophe comparable à celle du Japon pourrait avoir lieu chez eux.