Avant d'aller au carnaval de Cologne, je n'en connaissais que les images que les journaux télévisés diffusent le lundi soir, le "lundi des roses", le point culminant de cette semaine de folie rhénane avec le défilé auquel hier 1,5 million de personnes ont participé à Cologne.
On découvre sur ses images les chars haut en couleur avec souvent des caricatures très réussies de responsables politiques. Cette année, le ministre de la Défense fraîchement démissionnaire après une affaire de plagiat autour de sa thèse de droit en a pris pour son grade. On a vu Karl-Theodor zu Guttenberg représenté avec un photocopieur illustrant ses "emprunts" pas très corrects. Les dictateurs arabes déchus ou sur la défensive étaient aussi dans le colimateur des organisateurs.
Ce qu'on voit moins sur les images du défilé à la télé, c'est que toute la ville est en état d'urgence durant quasiment une semaine, qu'à toute heure du jour et de la nuit, on croise dans le métro et dans la rue des clowns, des infirmières sexy et autres diablotins, au centre-ville comme dans les quartiers périphériques de Cologne.
Officiellement, le carnaval débute le 11 novembre à 11 heures 11. Les différentes associations travaillent ensuite durant plusieurs semaines d'arrache-pied pour préparer leurs costumes et leurs chars. Des spectacles nombreux se mettent sur en place.
Dès le jeudi, ce sont les femmes qui sont à la fête et qui se font un malin plaisir de couper les cravattes de ces monsieurs qui s'efforcent ce jour là de porter des exemplaires les plus ringards possibles. Le dimanche est consacré au défilé des enfants. En soirée des "sessions" sont organiséees par les différentes associations, des plus traditionnelles à l'humour parfois éculé et répétitif et que l'absorption à la chaîne de la très légère bière locale, la Kölsch, rend plus supportable à d'autres plus alternatives et qui renouvellent parce que plus critiques des traditions très anciennes.
Mais au-delà de ces rendez-vous établis, le carnaval s'installe dans toute la ville. Chaque bar de quartier organise jour après jour des soirées qui commencent en fait plutôt à la mi-journée. On s'y serre de très près, on y boit beaucoup, la musique et les airs connus que tout le monde reprend sont omniprésents, la température monte.
www.youtube.com/watch ("Viva Colonia", un grand classique du carnaval)
L'absentéisme dans les bureaux et les ateliers atteint des sommets. Le lundi est de fait un jour férié et la vie normale s'arrête pour une parenthèse de quelques jours. Certains adorent et s'y investissent à fond. D'autres haissent le carnaval et s'enterrent chez eux ou quittent la région.
Pour les inconditionnels, le carnaval de Cologne constitue une parenthèse où les normes habituelles disparaissent et ou la permissivité augmente de façon exponentielle. Cela commence par le costume qui peut traduire les intentions du participant selon qu'il s'habille en ange ou en clown asexué ou en domina aux pratiques plus "robustes". Derrière cette anonymité, on se permet plus de choses. Les différences sociales disparaissent. Le patron avec son gros nez rouge peut flirter avec une caissière dans un bistrot surpeuplé où ils ne se rencontreraient sans doute jamais en temps normal. Le flirt est d'ailleurs en matière de rapports humains, la version la plus primesautière du carnaval. Certains couples préfèrent sortir séparément : chacun et chacune peut batifoler à sa guise durant cette parenthèse hors du temps où tout est plus ou moins permis (en tout cas, tant qu'il n'y avait pas de tests ADN).
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