31 décembre: l'Allemagne s'envoie en l'air

Le 31 décembre est à l'Allemagne ce que le 14 juillet est à la France : les feux d'artifice sont rois. Tout le monde s'y met. Il y a les officiels comme à la porte de Brandebourg mais surtout ceux de Helmut et Heidrun. La guerre civile règne à tous les coins de rue. Sortir de chez soi ressemble au parcours du combattant. Cette année, les autorités craignent que ces pétards ne traumatisent des réfugiés qui ont fui la guerre.

Depuis ce matin, les feux d’artifice sont en vente légale et ce jusqu’au 31 décembre. Lidl publie des pages entières de pub pour vendre ses pétards et autres fusées. Le discounter précise même qu’il sera ouvert jusqu’à jeudi compris dès sept heures pour les amateurs matinaux.
Officiellement, tous ces articles n’ont le droit de partir en fumée qu’entre 18 heures le 31 décembre et 6 heures du matin le 1er janvier. Mais le remake de la prise de Berlin il y a 70 ans commence déjà bien avant. Plus la dernière soirée de l’année progresse, plus le brouillard artificiel s’épaissit ; le vacarme étourdissant monte en puissance. Pékin et sa pollution atmosphérique peuvent aller se rhabiller. Les urgences des hôpitaux se remplissent : brûlures, doigts arrachés et autres blessures s’accumulent. Moins grave, certains voitures, les vaches sacrées germaniques, en prennent pour leur grade ; des fusées au parcours un peu trop sinueux terminent leur course là où il ne faudrait pas, sur un balcon où des familles innocentes jouent les journalistes de guerre voire dans un appartement lorsqu’une fenêtre est restée ouverte. Le lendemain, les trottoirs sont méconnaissables et recouverts de déchets multicolores et autres bouteilles de mousseux qui ont servi de rampes de lancement pour certains feux d’artifice.
Les Allemands ont dépensé l’an dernier 129 millions d’Euros pour ces articles pyrotechniques en tous genres. Le chiffre d’affaires 2015 devrait rester identique. Le phénomène ne fait pourtant pas l’unanimité. 48% des Allemands voit dans ces explosions pétaradantes une tradition sympathique ; 43% sont rétifs et réduisent la chose au bruit et à la saleté produits.
Les feux d’artifice sont interdits à proximité des Eglises, des hôpitaux ou encore des foyers de personnes âgées. Mais après l’accueil cette année d’environ un million de réfugiés en Allemagne dont beaucoup originaires de régions en guerre comme la Syrie, les autorités craignent que les pétards de la Saint-Sylvestre ne traumatisent des migrants et leur rappellent les bombes et autres fusillades qu’ils ont fuis ces derniers mois. La région de Rhénanie du Nord Westphalie a ainsi interdit l’utilisation de ces feux d’artifice dans les foyers de réfugiés. Des informations en ce sens y ont été distribuées dans différentes langues. Une commune de Bavière va pulvériser un feu d’artifices dès aujourd’hui pour habituer les réfugiés à ce qui les attend deux jours plus tard.

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