Les Allemands et leur voiture : la normalisation ?

Il y a des jours comme ça où des vérités éternelles sont remises en cause. Celle par exemple de l’Allemand moyen qui tous les samedis matins nettoie à grandes eaux sa voiture chérie avant de faire griller des saucisses sur son barbecue l’après-midi –l’été en tout cas- puis de regarder les résultats de la Bundesliga à la télé une caisse de bière à ses pieds.
Mais les vaches sacrées à quatre roues du Germain moyen semblent perdre de leur superbe. Un sondage tout frais vient ébranler les bons vieux clichés. Plus d’un tiers des conducteurs ne lave sa chère voiture que très épisodiquement. Ils ne sont plus que 14% à se plier chaque semaine aux rituelles ablutions d’autrefois. Et des révolutionnaires anti-patriotiques –bon juste 1%- ne lavent jamais leur engin. Des déchéances de nationalité n’ont curieusement pas encore été prescrites contre ces rebelles radicaux.
Certes quatre automobilistes sur dix ne peuvent dissimuler leur mauvaise conscience et confient aux sondeurs de yougov qu’ils ne se sentent pas à l’aise au volant d’une Auto pas très propre sur elle. Il n’empêche. Avec le temps et aussi chez les plus jeunes, une certaine légèreté de l’être semble lentement gagner du terrain dans le rapport longtemps religieux des Allemands avec leur véhicule préféré.
 

La voiture a longtemps été -en Allemagne de l'Ouest- le symbole d'un statut social qu'il fallait bichonner soigneusement. Mais les nouvelles générations voient les choses de façon plus détendue.

Ce côté vache sacrée s'illustre notamment par le rôle différent du pare-chocs en Allemagne et dans d'autres pays. Ici, cet accessoire a au mieux une fonction décorative. L'utiliser pour se garer à l'oreille est impensable. Certains maladroits sont tellement terrorisés d'avoir malgré tout effleurer un autre véhicule en se garant qu'ils s'empressent de laisser un message sur ce dernier avec leurs coordonnées, s'ils sont honnêtes. Et gare à la grand-mère qui n'a rien de mieux à faire et qui accoudée sur un coussin à sa fenêtre surveille attentivement ce qui se passe en bas de chez elle. Un petit coup de fil à la police ne demande pas tellement de temps....

Une fois, j'avais profité de cette "surveillance" bénévole en tant que "victime" et avait expliqué à la police après l'avoir contactée qu'elle pouvait classer le dossier. J'ai raccroché avant d'avoir à entendre les commentaires pleins d'incompréhension de ces fonctionnaires zélés.

Même si l'état technique et la propreté de la voiture lambda germanique sont meilleurs que ce que nous connaissons en France, je trouve cela plutôt sympathique de voir que le côté vache sacrée du véhicule disparait. D'ailleurs pour beaucoup de jeunes Allemands -surtout les citadins qui n'en ont pas un besoin vital- avoir une voture n'est plus forcément une priorité. L'industrie automobile allemande traditionnelle continue à bien se porter. Mais ça n'est pas pour rien que les constructeurs développent de plus en plus le car sharing dans les grandes villes conscients que cette jeune clientèle peut très bien se satisfaire d'un tel système plutôt que d'avoir sa propre voiture.

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