02 déc. 2014 - 16:01
25 ans après la chute du mur de Berlin, un membre du parti Die Linke, héritier du parti communiste est-allemand, va-t-il être élu ce vendredi à la tête d'une région dans l'ex-RDA ? Si Bodo Ramelow réunit les voix de sa coalition tripartite associant son parti, les sociaux-démocrates et les écologistes, la désignation de celui qui deviendrait alors le ministre-président de la Thuringe serait tout un symbole. Elle montrerait d'un côté que l'Allemagne se normalise et que la réunification interne du pays se parachève. Mais pour d'autres, cette élection constitue un chiffon rouge.
Dans de nombreux pays européens où l'union des gauches a une longue histoire derrière elle, une telle élection serait très banale. Mais en Allemagne, elle constitue aujourd'hui encore une étape qui ne va pas de soi. Rappelons qu'au Bundestag depuis un an, les trois partis de gauche -le SPD, les Verts et Die Linke- disposent d'une majorité en sièges. Mais les positions de l'ex-parti communiste en matière de politique étrangère notamment rendent pour ses partenaires potentiels une alliance impossible. Les positions des uns et des autres depuis le début de la crise russo-ukrainienne n'ont fait que creuser ce fossé.
"Rot rot grün" traduisez "rouge-rouge-vert" ou R2G, les couleurs des trois partis reste au niveau national une hypothèse plus que théorique. La probabilité que cette option remplace la grande coalition droite-gauche après les élections nationales de 2017 est aujourd'hui peu probable.
Au plan local, les coalitions entre sociaux-démocrates et Die Linke dans la partie Est du pays où le second parti dispose d'un ancrage important ne sont pas nouvelles. Après 2001 notamment la capitale Berlin elle même a été gérée par une telle alliance comme d'autres régions de l'ex-RDA. Mais sous la houlette des sociaux-démcorates associés à des alliés faisant preuve d'un pragmatisme à toute épreuve.
La nouveauté en Thuringe s'explique par les résultats des élections régionales de septembre dernier avec un parti Die Linke largement en tête au sein de la gauche avec 28% contre 12% pour le SPD et moitié moins pour les Verts. La coalition entre les trois mouvements dispose d'une voix de majorité des plus courtes et sera dirigée si l'élection de vendredi se déroule comme prévue par Bodo Ramelow.
Ce syndicaliste venu de l'Ouest du pays après la réunification et qui affiche ses convictions chrétiennes n'a rien d'un révolutionnaire sanguinaire. Son profil symbolise plutôt l'unité allemande. Mais pour certains -les chrétiens-démocrates ou les anciens dissidents est-allemands-, l'élection d'un responsable de Die Linke reste une pilule difficile à avaler. Ils critiquent une prise de distance insuffisante du parti et de certains responsables par rapport au régime est-allemand, dénoncent le rôle joué par certains comme mouchards de la police politique de l'ex-RDA, la Stasi. Le débat s'est cristallisé ces dernières semaines autour du terme de "Unrechtsstaat" -mot à mot "état de non droit"- qu'aurait représenté le régime est-allemand communiste. Ce terme apparait finalement dans l'accord de coalition signé entre Die Linke, les sociaux-démocrates et les Verts, mais la relativisation faite par certains responsables du parti de gauche suscite un malaise sur leur volonté d'effectuer un véritable travail de mémoire.
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