Schland

 La Mannschaft 2014 est-elle l'ambassadrice de l'Allemagne d'aujourd'hui, d'un pays qui se porte bien, qui gagne tout en restant modeste? Trop modeste? 

Au tournant du siècle, le foot allemand était comme l'économie germanique l'homme malade de l'Europe. De profondes réformes ont ensuite été entreprises qu'il s'agisse de la sélection et de la formation de nouveaux talents, de l'intégration de joueurs d'origine étrangère ou de méthodes sportives et psychologiques importées des Etats-Unis par l'ancien entraîneur Jürgen Klinsmann. 

La coupe du monde 2006 en Allemagne a profondément contribué à modifier l'image du pays. Non seulement celle d'un football efficace mais sans élégance. Mais aussi par l'esprit festif qui règna en Allemagne et qui renvoya aux oubliettes de vieux clichés sur des goths constipés et incapables de s'éclater. 

2006, c'est aussi l'année où les symboles rouge-noir-or apparaissent massivement, les drapeaux ou autres accessoires décorant les voitures. Soixante ans après la fin de la guerre, les Allemands castrés côté patriotisme par l'oncle Adolf retrouvent une certaine normalité que leurs voisins pratiquent depuis toujours. 

Longtemps, brandir de tels accessoires ou chanter l'hymne allemand restait réservé à des nostalgiques d'un passé un peu brun sur les bords. Les succès de la Mannschaft servaient certes d'ersatz à un ego national quelque peu brimé, mais sans en faire trop dans le tricolore. 

Huit ans plus tard, les succès de la Mannschaft marque le couronnement d'années d'effort et suscitent le respect et la sympathie, même dans des pays où des ressentiments traditionnels anti-germaniques ont longtemps survécu. 

Bien sûr, les Allemands veulent absolument gagner. Mais sans être à cette fin obtus. Lors du match désormais historique contre le Brésil, on a vu une équipe jouer la modestie pour ne pas humilier un peu plus le pays hôte, peut-être parce que les joueurs allemands étaient eux mêmes choqués de ce qui venait d'arriver à l'équipe qui a longtemps servi de modèle. 

24 ans après la dernière victoire en coupe du monde, quelques semaines avant la réunfication de leur pays, la Mannschaft veut enfin engranger les fruits d'années de succès et de progrès sportifs. Ces ambassadeurs d'une Allemagne qui réussit mais tolérente et modeste veulent l'emporter. Et offrir à leur mascotte la plus connue, une certaine Angela Merkel, un beau cadeau d'anniversaire juste avant le soixantième anniversaire de la chancelière. 

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