27 avr. 2014 - 09:09
Les Russland-Versteher, c'est en Allemagne le nouveau mot à la mode depuis le début de la crise ukrainienne. Pour les rares non germanophones parmi vous, ce sont ces experts, hommes politiques ou spécialistes divers qui font preuve de compréhension à l'égard de Moscou et considèrent que la Russie n'est pas la seule responsable de la crise actuelle.
Le magazine satirique "Titanic", toujours aussi subtil, a suggéré en une que l'Allemagne pourrait s'inspirer des recettes poutiniennes pour redevenir une puissance mondiale.
On trouve parmi ces personnes des responsables plutôt à gauche qui ont été marquéees par l'Ostpolitik du chancelier Willy Brandt dans les années 70 estimant que le rapprochement et le dialogue pouvait permettre d'obtenir plus de l'URSS de l'époque que la confrontation. A gauche, toujours, l'héritage de la guerre et des crimes commis par l'Allemagne nazie jouent aussi un rôle. Berlin, l'agresseur, a attaqué à l'époque l'Union soviétique et causé des millions de morts. Les sacrifices de l'Armée rouge ont permis à l'Allemagne de se libérer du joug nazi. Plus tard, c'est un certain Gorbatchev qui a permis la réunfication pacifique du pays.
Une compréhension qui s'explique aussi pour des raisons culturelles et historiques. On peut rappeler le souvenir de la tsarine Catherine II, une Allemande qui a gouverné la Russie au 18ème siècle et dont le portrait orne le bureau d'Angela Merkel. Il y a aussi une passion pour l'âme russe, les immensités de ce pays géant, sa culture qui a marqué de nombreux Allemands.
Et lorsque dans le quotidien conservateur, un historien reconnu Karl Schlögel tire à boulets rouges sur les innombrables talk-shows de la télévision publique allemande sur l'Ukraine qui donneraient trop la place aux "Russland-Versteher", les critiques sur les réseaux sociaux contre l'universitaire ne sont pas tendres. Sur twitter, une gazouilleuse au nom écrit en cyrillique le compare à Goebbels.
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