Uli Hoeness était le patron de club idéal. Le FC Bayern sous son égide volait de succès en succès. Et en plus des victoires sportives des Bavarois, l'homme cultivait une image simple de manager au grand coeur prêt à venir donner un coup de main à un club en difficulté ou à des oeuvres caricatives. 

Jusqu'au jour où la presse puis la justice se sont intéressé à un compte en Suisse du patron du Bayern qu'il utilisait pour des spéculations boursières, en oubliant de déclarer au fisc les bénéfices réalisés. L'affaire choque l'Allemagne. Angela Merkel proche du manager exprime sa surprise. La justice se veut intransigeante. Et le procès Hoeness finit par s'ouvrir ce lundi. Et en quelques heures, le bilan de fraudeur d'Uli Hoeness qui joue cartes sur table explose. En un peu plus de 24 heures, ses impayés au fisc sont multipliés par huit et atteignent désormais 27 millions d'Euros. Le mythe est à terre. Les financiers du club de Munich vont avoir beaucoup de mal à soutenir encore leur poulain. 

"Bonjour Monsieur Hoeness. Sentez-vous comme chez vous!"

Mais le mythe Hoeness n'en qu'un parmi d'autres. Récemment, ce sont "les anges jaunes" dont la virginité a été mis à mal. Ces anges peuvent également voler (plutôt en hélicoptère) mais on les voit plus souvent sur les routes. Le puissant automobile club allemand ADAC aux véhicules couleur canari est un Etat dans l'Etat. Il est pour les automobilistes -19 millions de membres!- qui tombent en panne ce que les pompiers représentent pour la victime d'un malaise ou d'un incendie. 

Mais voilà depuis quelques semaines, l'image de l'ADAC est sévèrement égratignée. La carosserie des anges jaunes a subi quelques bosses. Un mythe de plus est ébranlé. Tout a commencé par des informations confirmées sur des prix pour les meilleures voitures dont les données avaient été biaisées. Dernière révélation en date, une ardoise fiscale -toujours le fisc- de plusieurs centaines de millions d'Euros. Des dizaines de milliers de membres de l'ADAC ont choisi de renoncer aux services des anges jaunes.

Récemment le "cinquante millions de consommateurs" des Allemands, la fondation Warentest, la bible des Germaniques qui consultent les tests comparatifs de cet organisme des plus crédibles avant d'acheter un lave-linge ou... une voiture a perdu en justice face à un fabricant de chocolats. Encore une institution ébranlée. 

Le TÜV -traduisez association de surveillance technique- est compétent dans de nombreux domaines. C'est lui qui par exmple délivre les plaquettes figurant sur les voitures lors des contrôles techniques.

Parmi ces vaches sacrées écornées ces derniers temps, on peut aussi citer le TÜV. Cette pieuvre tentaculaire gère le contrôle technique des véhicules mais aussi la sécurité d'installations industrielles ou de produits divers et variés. L'une des filiales du TÜV en Rhénanie s'est ainsi fait égratigner pour avoir donné un blanc-seing trop généreux à des implants mamaires dangereux pour leurs bénéficiaires. 

Bien sûr, on pourrait ajouter à cette liste des exemples de responsables politiques ou religieux qui ont failli. Mais cela ébranle sans doute moins le citoyen lamba, même dans un pays comme l'Allemagne où les méfaits perpétrés par les élus du peuple ou de Dieu sont moins spectaculaires qu'ailleurs. 

Mais les intouchables d'hier, ces vaches sacrées participant du mythe allemand et qui livrent une bonne partie du ciment de la société germanique voient leur image se ternir. Les références s'estompent. Les Allemands vont-ils s'en passer ou en chercher d'autres, se résigner ou se laisser séduire par des idoles à la réputation encore moins affirmée?