Libye, Mali, Syrie: l'Allemagne peine à dire oui

 

caricature Klaus Stuttman:
-Bourrée? Droguée?
-Ils appellent ça la politique étrangère allemande
 

Berlin est le seul pays européen membre du G20 à ne pas avoir soutenu la déclaration du président américain signée par dix autres chefs d'Etat et de gouvernement dans le monde en faveur d'une réaction forte à l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. 

Angela Merkel s'attendait à ce que d'autres pays européens l'imitent et attendent que l'UE se mette d'accord sur une position commune. Ce partis pris allemand rappelle le vote du conseil de sécurité des Nations-Unies sur la Libye où Berlin avait même failli voter contre une intervention avant de choisir l'abstention et de se retrouver de fait aux côtés de pays comme la Russie ou la Chine. 

Bien sûr, la nécessité et le sens d'une intervention militaire contre le régime syrien méritent d'être posés. Mais la position allemande confirme une fois de plus une dérive helvétique. Contrairement à certaines craintes, en Europe du Sud, notamment, la volonté d'hégémonie allemande est des plus maigrichonnes. De plus en plus -les réserves sur le Mali avec une participation des plus minces l'ont aussi montrées-, on assiste à un retour aux positions d'antan lorsque l'éternel Herr Genscher menait la diplomatie allemande. Son fils spirituel, le ministre des affaires étrangères actuel, le libéral Guido Westerwelle, s'épuise également en arguties diplomatiques. 

Le ministre des affaires étrangères allemand Guido Westerwelle et la chancelière Merkel

Pourtant, Berlin avait changé quelque peu de braquet à l'annonce que des armes chimiques avaient été utilisées. Le gouvernement allemand réclame une réponse appropriée tout en plaidant pour des négociations -illusoires- en Syrie et une solution diplomatique globale tout aussi hypothétique en raison de la position russe. Ne faudrait-il alors pas mieux laisser tomber l'indignation verbale si les solutions envisagées ne peuvent conduire qu'à une impasse?

Bien sûr, on vote dans deux semaines. Angela Merkel dont beaucoup de décisions sont avant tout scotchées sur les sondages connaît le rejet de ses concitoyens pour toute  intervention extérieure où qu'elle soit. La chancelière très atlantiste qui contrairement au gouvernement de gauche de Gerhard Schröder avait soutenu la guerre en Irak de George Bush il y a dix ans se montre aujourd'hui au pouvoir moins belliqueuse. 

Le quotidien conservateur "Die Welt" critique "le monde parallèle" dans lequel le gouvernement allemand se trouverait accusant Berlin de laisser d'autres faire "le sale boulot" pour ne pas égratigner son costume de colombe et son intégrite morale.Vous avez dit morale? Le quotidien "Tagesspiegel" ressort un argument massue qu'avait utilisé en son temps le ministre vert des affaires étrangères Joschka Fischer pour persuader notamment ses camarades de parti du bien fondé d'une intervention au Kosovo en 1999 : l'Allemagne se devait d'après Fischer en raison des crimes du Troisième Reich d'être présente là où les droits élémentaires de l'humanité étaient mis en cause plutôt que d'opter pour un pacifisme total. Un argument qu'on retrouve aujourd'hui dans les colonnes du quotidien berlinois "Tagesspiegel": "Le pays qui a inventé le zyklon B utilisé dans les chambres à gaz des camps de concentration pour tuer des centaines de milliers de juifs restera-t-il muet lorsque quelque chose sera entrepris contre les attaques chimiques en Syrie. Ce serait un débâcle moral". 

 

Bien sûr, d'autres comemntaires optent pour un point de vue opposé et dénonce le côté "aventureux" d'une intervention punitive contre le régime syrien. 

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