29 juill. 2013 - 17:06
Il était une fois une plage bien sage. A la fin des années cinquante, on pouvait lire à El Arenal des panneaux précisant : "Ceci est un pays de haute moralité". Les bikinis étaient interdits. Les hommes et les femmes se baignaient séparémment. En 1960, l'ïle de Majorque compte 360.000 visiteurs; dix ans après ils sont plus de deux millions. En 2012, ils étaient dix millions.
Les Allemands et les Britanniques apprécient beaucoup l'île. Les six kilomètres de plage entre Cas Pastilla et El Arenal sont devenues le temple du tourisme de masse. Le "balneario" espagnol, trop compliqué à prononcer, est vite devenu un "Ballermann" pour les hordes de touristes germaniques. Pour goûter la subtilité de ce petit nom, il faut savoir que ce mot désigne dans le langage parler allemand une arme à feu. Quant au verbe "ballern", il signifie dans un registre tout aussi subtil "boire énormément".
Le seau de sangria partagé par des touristes déjà bien avinés armés de pailles XXL est devenu (à côté de la bière, on ne se refait pas...), la consommation fétiche de Kevin Schmidt et Nancy Müller. Les vendeurs de saucisses permettent de ne pas tomber trop vite dans un coma éthyllique fatal tout en restant fidèle aux classiques de la "Heimat".
Les plages prises d'assaut par les touristes germaniques et les hôtels bon marché à quelques pas de là expliquent que l'île avec 600.000 Allemands dans cette seule zone de Majorque soit souvent présentée comme la 17ème région allemande.
La consommation d'alcool va de pair avec la musique typique qui rappelle en mode plus plage la qualité -sic- de certains tubes incontournables du carnaval. Quelques extraits :
www.youtube.com/watch
Après l'interview du maire-adjoint de Palma de Mallorca dans "Bild Zeitung", le quotidien s'est lancé dans une campagne massive pour dénoncer les projets jugés élitaires de l'édile hispanique. Les lecteurs ont été appelés à envoyer leurs plus beaux clichés de vacances (ou les plus navrants...) et à prendre la parole.
Les amateurs de "Ballermann" dénoncent bien sûr les projets du responsable du tourisme de l'île. "Si vous voulez absolument vous reposer, allez aux Caraibes. Malle (le petit nom de l'île en allemand) doit rester ce qu'elle est".
D'autres Allemands se montrent plus critiques. "Il y a sûrement plus d'alcooliques qui naissent là bas que dans le reste de l'Allemagne. Les limites du bon goût ont été franchies depuis longtemps."
Même si le responsable du tourisme face à cette déferlante médiatique a tenté d'attenuer ses propos, l'objectif reste cependant le même : réduire le tourisme de masse et ses excès les plus vulgaires et attirer une autre clientèle dans des infrastructures plus adaptées. Mais la concurrence dans le bassin méditerranéen est bien réelle comme en Turquie et les experts du tourisme se montrent sceptiques. L'Allemagne ne va peut-être pas perdre aussi vite sa 17ème région.
5 Comments
Je vis à Majorque depuis 2007 et comme je suis aussi moitié majorquin de par les origines de ma mère je connais l'ile depuis ma naissance. J'y venais auparavant seulement en été car mes parents avaient un appartement situé à Santa Ponça (aux rivages sud ouest de l'ile). Je vis maintenant au centre de l'ile dans un vieux village nommé Sineu. Je déplore aussi les excés de certains touristes, les allemands ne sont pas les seuls hélas! Mais je dois relativiser les critiques, les plus modestes touristes ne sont pas forcément les plus agressifs et les plus critiquables, le spectacle navrant de certains nouveaux riches russes m'indigne tout autant.
Je crois qu'il faut essayer d'avoir une offre adaptée à tous les marchés, Majorque est en pleine phase de renouvellement de ses infrastructures touristiques, des plans de refonte ou de démolition d'hotels vétustes en sont un bon exemple.
Santa Ponça est un bon exemple, on peut venir y passer ses vacances dans des hotels corrects et bon marché comme dans des villas luxueuses jouxtant un des golfs du resort !
L'intérieur de l'ile est une source constante de découvertes pour celui qui en prendra le chemin. Sineu, mon village a des vieux palais des Rois de Majorque, un marché millénaire ou petits et grands redécouvrent le plaisir des produits du terroir, de l'artisanat, et de voir et toucher des animaux de ferme! On y trouve des hotels de petite taille mais de tout confort et des "cellers" ou l'on se régale de la cuisine majorquine.
Si on veut vacances style plage-clubbing et excés en tous genres Magalluf ou El Arenal sont parfaits! Je n'en ai plus l'age ni le gout mais je comprends ceux qui apprécient ces lieux.
Aprés tout les débauches d'Ibiza ne valent pas mieux pourtant on n'entend pas de critiques!
Chers compatriotes, venez à Majorque mais sortez des sentiers battus et vous serez surpris!
J'ai la chance d'habiter et vivre à Mallorca durant 5 mois chaque année... Puisqu'on est dans les généralités; oui, la playa de Palma et s'Arenal c'est le repaire de la vulgarité et de la "kolossale finesse" allemande qui, en plus, considère que l'île lui appartient ( idem pour les anglais à Menorca ). Pour les ressortissants de ces deux pays, c'est génétique... il n'y a rien à faire ... Quant aux français ( qui sont ont aussi un lourd passé de colonialistes ), ici, ils arrivent à être les moins arrogants du lot, ...c'est vous dire ! ... Mais bon ... c'est juste parce que le tourisme n'est pas cher dans l'île ( 50 euros AR par air Berlin et 350 euros la semaine en pension complète pour un 3 étoiles à 500m de la playa ). Ca ouvre les portes à des classes sociales qui souffrent toute l'année dans leur pays, ont le sentiment durant une ou deux semaines d'être un peu importants et pouvoir faire un peu ce qu'ils veulent en toute impunité. Les autochtones y sont bien entendu pour quelque chose ( les flics ne verbalisent quasiment pas et certains restaurants d'Alcudia, de Cala d'or ou de s'Arenal n'ont même pas de menu dans la langue du pays ! ), c'est important de le signaler. Mais surtout, que tout ça ne vous empêche pas, en toutes saisons, de venir profiter de cette île absolument fantastique aux paysages si diversifiés et aux 124 calanques dont une seule ferait la réputation internationales de la moindre ville de la côte d'azur. Il vous suffira pour ça de sortir de votre hôtel "tout compris", de louer une voiture ( 20 euros/jour) ,et d'éviter deux ou trois endroits de tourisme de masse parfaitement répertoriés, car, c'est bien connu, heureusement, les imbéciles et les poivrots, toutes nationalités confondues, ne sont bien qu'entre eux...
J'ai un appartement à Santa Ponsa, à une quinzaine de km de Palma. La journée, c'est très bien, nous avons une superbe vue sur la baie et la plage. Mais à partir de 20h30 tout se gâte car les clubs low-cost se mettent en route. Vacarme, hauts parleurs en plein air avec des animations hurlantes autour de la piscine. Vous pouvez appeler la police, elle répond que ce n'est pas illégal. Au petit matin, ce sont les night clubs qui se vident de leurs clients ivres. Ils viennent en bande crier sur la plage, jeter des fauteuils dans la mer puis s'effondrer sur le sable. Ce sont en général des Anglais et des Irlandais.
On parle des allemands, mais les britaniques sont encores pires. Ils ne respectent rien. L'ile est devenue une veritable poubelle ( dans certains endroits) et on les encourage a boire avec des pseudo-croisières avec boisson a volonté, chants des stades de foot et concours de t-shirt mouillé... C'est navrant
Ethyllique ?
Super article, mais attention aux coquilles !
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