05 avr. 2013 - 12:28
Vous vous rappelez "Merkozy", cette relation présentée comme fusionnelle entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ? La chancelière avait durant la dernière campagne présidentielle française pris fait et cause comme jamais dans le passé au sein d'un tandem franco-allemand pour son camarade de parti de l'UMP. François Hollande, le candidat de l'opposition n'avait pas obtenu d'être reçu par la chancelière à Berlin.
Pour l'hebdomadaire "Der Spiegel", la vengeance est un plat qui se mange froid et que François Hollande se plairait à déguster pour rendre la monnaie de sa pièce à Angela Merkel. Durant la campagne présidentielle, le candidat socialiste avait pris ses distances avec Merkozy et leurs positions européennes jugées trop unilatéralement favorables à la rigueur budgétaire.
Dès le mois de mai, à peine élu, le nouveau président recevait démonstrativement à Paris les responsables du SPD allemand, Peer Steinbrück entre-temps candidat à la chancellerie, le patron du parti social-démocrate Sigmar Gabriel et celui du groupe parlementaire Frank-Walter Steinmeier.
Cette réception sur fond de déclarations peu amènes à l'égard de Berlin n'avaient pas emballé dans les milieux gouvernementaux allemands. Les sociaux-démocrates voulaient profiter de l'aura encore fraîche du nouveau président français, seul responsable de gauche à la tête d'un grand pays européen pour se profiler face à Merkel. Hollande utilisait ses camarades pour tacler la chancelière.
Quelques mois plus tard, nouvelle visite donc. Le candidat du SPD Peer Steinbrück se rend dans les différentes capitales europénnes pour se forger une carrure internationale. Mais l'enthousiasme de l'après-présidentielle s'est sérieusement calmé. Steinbrück issu de l'aile droite du SPD a à plusieurs reprises critiqué la politique économique de Hollande comme la taxe à 75% pour les plus riches. L'ancien ministre des Finances d'Angela Merkel avait qualifié de "naive" la volonté du nouveau président français de renégocier le pacte budgétaire européen.
Et puis ce sont deux éclopés des sondages qui se rencontrent. Steinbrück fait concurrence en matière d'impopularité au président français et ses chances de succéder à Angela Merkel aujourd'hui sont plus que minces. Et une solidarité trop étroite avec Hollande n'est pas aidante en Allemagne où le président français jouit d'une image très négative. Le SPD se demande donc si Hollande qui pouvait constituer un atout dans la course à la chancellerie ne serait pas plutôt plombant. Le parti libéral allié d'Angela Merkel tire à boulets rouges sur "les expérimentations socialistes" françaises. Si Steinbrück devait trop se rapprocher de Hollande, aucun doute, les conservateurs allemands ne manqueraient pas de lui reprocher.
Les plans du SPD, utiliser le président français durant la campagne électorale à venir, comme locomotive lors de meetings en Allemagne sont en stand by. Ce qui rappelle un peu l'abandon par l'équipe Sarkozy l'an dernier d'une idée comparable en France avec Angela Merkel, l'Elysée ayant compris à l'époque que la germanolâtrie du président irritait les Français.
Le SPD qui va fêter fin mai à Leipzig en grande pompe ses 150 ans y a invité il y a quelques mois déjà le président français en guest star. Certains se demandent si c'était une bonne idée.
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