24 févr. 2013 - 14:26
Sonnés.Les chrétiens-démocrates allemands sont dans un premier temps restés sans voix après la décision mardi de la cour constitutionnelle. Une fois de plus, la plus haute juridiction, fidèle à sa jurisprudence libérale, élargissait les droits des couples homosexuels. La cour a mis fin à une discrimination autorisant un enfant préalablement adopté par un partenaire à l'être ensuite par son partenaire. En même temps, les juges de Karlsruhe soulignaient que les enfants de ces couples vivent de façon aussi harmonieuse qu'avec des parents hétérosexuels mariés. Une analyse laissant augurer d'une possible autre décision autorisant cette fois une adoption commune par un couple gay ou lesbien aujourd'hui interdite en Allemagne.
Quant aux avantages fiscaux en matière d'impôts sur le revenu encore réservés aux couples mariés, ils devraient sans doute être octroyés aux homosexuels dans une décision de la cour constitutionnelle attendue avant l'été.
A la fin de 2012, lors du dernier congrès de son parti la CDU, Angela Merkel avait répété qu'elle souhaitait conserver ses droits pour les seuls couples mariés. Mais la dernière décision de la cour rend encore plus obsolète la politique sociétale du parti chrétien-démocrate.
Après l'effet Fukushima entraînant l'abandon du nucléaire quelques mois après avoir prolongé la durée de vie des centrales, voici l'effet Karlsruhe, la ville où siègle la cour constitutionnelle. Après avoir repris les esprits, les chrétiens-démocrates s'apprêtent à jeter par dessus bord une des dernières vaches sacrées de leur programme et pilier fondateur de leur politique familiale tradtionnelle. L'animal qui a fait son temps va passer à la moulinette de l'histoire pour permettre à la CDU de préparer un programme lasagnes plus digeste notamment pour les électeurs urbains en amont des législatives de septembre.
Angela Merkel : "Qui veut jouer avec moi ?"
Une fois de plus, Angela Merkel après avoir fait de la résistance jette du lest idéologique par dessus bord pour permettre à son navire dans des eaux électorales de mieux semer ses poursuivants. Une stratégie qui avait lamentablement échoué il y a deux ans avec l'abandon en quatrième vitesse du nucléaire alors que les Verts menaçaient de remporter un bastion de toujours des conservateurs. Aujourd'hui, les écologistes gouvernent avec les sociaux-démocrates à Stuttgart.
Angela Merkel semble apprécier les remakes. Alors que les politiques économiques des grands partis ne sont pas si différentes, les questions de société menaçaient de jouer un rôle central dans la campagne électorale à venir. La chancelière, fidèle à ses habitudes coupe l'herbe idéologique sous les pieds de ses concurrents en leur piquant sans vergogne leur programme. Après l'abandon du nucléaire et aujourd'hui une reconnaissance turbo des couples homos, une revendication traditionnelle des Verts, une première à Berlin à savoir une coalition entre chrétiens-démocrates et écolos n'est plus une chimère absolue.
Même chose sur les questions sociales .Alors que l'opposition de gauche compte mettre en avant le développement des inégalités en Allemagne et en particulier celui des "working poors", ces travailleurs qui ne peuvent pas boucler leurs fins de mois en raison de salaires trop bas, Angela Merkel sort de son chapeau un lapin électoral, le salaire minimum. Il ne devrait pas porter ce nom pour ne pas effrayer les plus libéraux au sein de la coalition mais des initiatives sont à attendre.
Avec cette stratégie, qui certes irrite les plus conservateurs au sein de sa majorité, la très populaire Angela Merkel espère bien convaincre les électeurs de l'inutilité de voter en trop grand nombre pour l'opposition puisque la chancelière reprend les idées de cette dernière à son compte.
1 Comments
judicieuse analyse - malheureusement les Allemands qui tombent dans ces pièges sont encore trop nombreux ...
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