Les femmes aux fournaux ou les enfants à la crêche ?

Après la sortie du nucléaire, il ne reste plus beaucoup de sujets de société en Allemagne qui ressemblent à des guerres de tranchées idéologiques. 

La prise en charge des enfants en bas âge en fait partie. L'Allemagne très en retard en la matière a développé ces dernières années un programme ambitieux pour développer le nombre de crêches.

Mais la volonté des conservateurs bavarois de proposer une alternative sonnante ét trébuchante aux familles qui choisissent de s'occuper à la maison de leurs enfants en bas âge, "la prime aux fourneaux" relance le débat. 

Ma collègue Cécile Calla qui a vanté les mérites du modèle français sur le site du magazine "Der Spiegel" a provoqué une levée de boucliers impressionnante.

Les femmes allemandes travaillent moins qu'ailleurs. Le temps partiel est plus développé dans leurs rangs que dans d'autres pays. Les rythmes scolaires expliquent pour partie cette situation, les enfants rentrant traditionnellement à la maison à la mi-journée ou en début d'après-midi.

Pour les plus petits, le nombre de crêches reste peu important par rapport à d'autres pays, notamment la France. Pour améliorer les infrastructures, un programme vise à augmenter leur nombre. Un tiers des enfants de moins de trois ans doit disposer d'une place de crêche d'ici l'été 2013. Une mesure contraignante prévue par la loi. Les parents pourront saisir la justice si ce pourcentage n'est pas atteint et si de ce fait leur enfant ne peut pas être pris en charge. 

Or les statistiques fin 2011 évoquait un taux de 25%. Il reste donc beaucoup à faire à l'heure où les collectivités locales doivent elles aussi faire des économies pour respecter la règle d'or.

A ces contraintes matérielles et financières s'ajoute une dimension idéologique. Lors de la négociation de l'accord de coalition en 2009, les conservateurs bavarois ont obtenu que parallèlement au développement des crêches une prime soit versée aux parents qui choisissent d'élever leurs enfants en bas âge à la maison. La CSU à Munich estime que ces derniers seraient sinon discriminés et que la liberté de choix doit ainsi être honorée.

Un projet de loi est en gestation qui prévoit à partir de l'an prochain le versement d'une prime mensuelle de 100 puis à partir de 2014 de 150 Euros par enfant. Coût estimé: 1,2 milliard par an.

La mesure n'est pas populaire. 60% des Allemands la rejettent. Et au sein même de la coalition gouvernementale, beaucoup trainent les pieds tentant de gagner du temps pour repousser une allocation baptisée "prime aux fourneaux". Les conservateurs bavarois n'en démordent pas. Leur chef a décidé de jouer la politique de la chaise vide et de boycotter les rencontres de la coalition au pouvoir relate la presse allemande.

C'est dans ce contexte tendu que ma collègue Cécile Calla, rédactrice en chef adjointe du magazine "Paris Berlin" et mère d'un jeune enfant publie la semaine dernière son article sur le site du "Spiegel". Elle dénonce l'absurdité de la "prime aux fourneaux" et vante les mérites du modèle français permettant une prise en charge très précoce des enfants. 

L'auteur souligne aussi les différences culturelles entre les deux pays. Des différences qui expliquent avant tout les réactions nombreuses et souvent très négatives des lecteurs d'un magazine pourtant marqué à gauche. 

Car si les infrastructures sont déficientes en Allemagne (de l'Ouest), cela est aussi le reflet d'une culture au sein de laquelle l'épanouissement des enfants en bas âge, voire leur avenir, passe par une relation étroite et durable durant les premières années avec leurs parents, à commencer par leurs mères. Si beaucoup de femmes allemandes s'arrêtent plus longtemps de travailler après leur accouchement, ne reprennent leur remploi qu'à temps partiel ou restent définitivement à la maison, c'est aussi parce que les enfants figurent au centre de leurs préoccupations. Une femme qui place son enfant quelques semaines après la naissance dans une crêche est une "Rabenmutter", une mère indigne. 

Mettre en avant ce modèle français comme étant la panacée a suscité dès lors les réactions négatives de nombreux lecteurs du "Spiegel".

Florilège:

"Ca n'est pas possible de se débarasser de ses enfants juste après la naissance pour confier leur éduction à l'Etat au lieu de les prendre en charge individuellement à la maison. Celles qui veulent absolument travailler au lieu de s'occuper de leurs enfants feraient mieux de ne pas en avoir".

"Si l'auteur est tellement satisfaite de la situation en France pourquoi se mêle-t-elle de nos affaires"

"Vu la criminalité chez les jeunes et les problèmes d'intégration en France sans parler des records de suicides et d'alcoolisme, on peut se demander si leur système est le bon"

"Mon dieu, je suis plus qu'heureuse que Madame Calla ne soit pas ma mère. Ses enfants me font vraiment de la peine. 

Pour les germanophones, l'article de Cécile Calla et les nombreux commentaires des lecteurs du "Spiegel":

www.spiegel.de/kultur/gesellschaft/betreuungsgeld-so-ein-unsinn-fiele-in-frankreich-keinem-ein-a-829917.html

 

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3 Comments

c'est assez flippant de voir qu'en 2012, un tel article ne fait pas une seule mention du rôle des pères...on se croirait dans les années 50 où femme = dévotion aux enfants ...flippant

Un enfant n'a pas besoin de son père mais de sa mère seulement! On le voit bien chez les autre animaux. La mère est indispensable au bon épanouissement de l'enfant en bas âge.

Pas besoin de son père ?
Nous ne sommes pas des animaux mais des êtres humains...
Un enfant a besoin de sa mère ET de son père et raconter ce genre d'inepties me fait bien peur pour la progéniture actuelle ou à venir de Nina.

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