27 janv. 2012 - 17:21
Vous aviez aussi remarqué ? Le mur de Berlin est tombé, l'Allemagne est réunificée, l'URSS -l'empire du mal- a disparu, une bonne partie de l'ancien bloc soviétique a adhéré à l'Union européenne.
En Allemagne, certains continuent pourtant d'avoir les yeux braqués sur le rétroviseur de l'histoire. On savait déjà que les renseignements généraux allemands avaient une inclination pour les ex-communistes est-allemands. Mais on a appris à travers le magazine "Der Spiegel" il y a quelques jours que pas moins d'un tiers des députés du parti de la Linkspartei au Bundestag est "observé".
Une affiche électorale du parti chrétien-démocrate dans les années cinquante en Allemagne de l'Ouest en pleine guerre froide:
"Tous les chemins du marxisme conduisent à Moscou. Votez CDU"
Bien sûr, il y a au sein du parti de gauche, né en 2007 de la fusion entre les héritiers de l'ex-parti communiste est-allemand et des déçus de la social-démocratie à l'Ouest- des nostalgiques de l'ordre ancien, des fidèles de Castro qui croient toujours à la révolution cubaine, des soutiens du régime syrien et des anti-sionistes extrémistes cultivant l'antisémitisme. .
Mais dans la liste des 27 députés du Bundestag "observés", on trouve de nombreux pragmatiques pur jus qui ailleurs seraient sans aucun doute des sociaux-démocrates très propres sur eux.
On peut s'interroger aussi sur l'efficacité de ces mesures. L'office de protection de la constitution y consacre 390.000 Euros (frais de personnel par an) qui se tapent des discours et autres communiqués de presse. 200 000 Euros de plus sont consacrés à l'observation du parti d'extrême-droite NPD. Un mouvement qui appelle à la haine raciale, dont certains responsables sont loin d'être des anges. Et pendant plus de dix ans, un groupe de terroristes néo-nazis tue en toute impunité en Allemagne neuf étrangers. Quelle efficacité pour un danger bien plus réel! Un danger d'ailleurs pour partie financé par l'Etat qui paie des activistes de ces mouvements servant de mouchards.
Deux poids, deux mesures et pourtant au sein des partis conservateurs allemands on s'emploie communément à perdre sur le même plan extrême-droite et gauche radicale. Une comparaison inconcevable dans des pays comme la France, l'Italie ou l'Espagne qui ont connnu des partis communistes importants dans leur histoire et dont la légitimité était admise.
En Allemagne, l'anti-communisme issu de la guerre froide a laissé des traces même vingt ans après la fin de cette dernière. Les 27 députés observés sont d'ailleurs tous originaires de l'ex-RDA ce qui traduit bien le soupçon pesant sur ces personnes originaires de la partie du pays autrefois de l'autre côté du rideau de fer.
On voit aussi comment dans les débats publics et dans la vie politique, la Linkspartei est victime d'un ostracisme, ses responsables étant considérés comme des pestiférés, alors qu'ils sont par exemple en France les alliés de Mélenchon. Les sociaux-démocrates, même s'ils ont conclu des alliances municipales et régionales avec ce parti, rejettent toujours toute coalition avec lui au niveau national de peur de raviver l'anticommunisme qui couve à l'Ouest et que les conservateurs ne manqueraient pas d'exploiter..
Le quotidien de gauche "Tageszeitung" a publié ce vendredi en une pour se moquer de "l'observationnite" du ministre de l'Intérieur un formulaire par lequel les lecteurs peuvent demander à être surveillés. Avec différents motifs qui peuvent être cochés : Je suis membre d'un plus petit parti encore plus extrémiste, le parti libéral; j'ai joué comme aillier gauche dans une équipe de foot, je suis gaucher, je ne suis rien de tout ça ce qui me rend encore plus suspect.
1 Comments
À mon avis, pour écrire un billet comme ça, il faut être soi-même un cryptocommuniste...
L'anticommunisme en Allemagne n'a pas commencé avec la guerre froide. Les forces de gauche (dont le SPD ne fait pas partie !) n'ont jamais vraiment eu droit de cité dans ce pays et le système judiciaire de la République de Weimar a poursuivi avec acharnement les communistes en laissant la bride sur le cou aux SA. Je n'ai plus les chiffres des condamnations en tête, mais ils sont plus qu'éloquents.
Un lecteur du « Zeit» écrivait en 1995 : « Welche Heuchelei liegt in dem edlen Vorsatz, nun die Fehler einer zu nachsichtigen Behandlung der Nazitäter durch unnachsichtige Verfolgung von SED-Unrecht wiedergutmachen zu wollen! Dabei wird nur die grundsätzliche Akzeptanz gegenüber Nationalsozialismus und die grundsätzliche Nichtakzeptanz von Sozialismus geradlinig fortgesetzt. » Une formule hélas très juste, à laquelle il faudrait simplement donner un peu plus de mesure en substituant « Rechtsextremismus » à « Nationalsozialismus ».
Rappelons pour finir que l'Allemagne honore Theodor Heuss, qui a voté les pleins pouvoirs à Hitler, mais fait peu de cas d'une personnalité comme Carl von Ossietzky, pacifiste, de gauche, prix Nobel de la paix et mort des suites des sévices subis en camp de concentration.
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