Les Allemands sont perçus comme rigoureux ("Au travail, ils sont carrés, efficaces, rapides"), respectant les règles dans l'espace public comme dans les relations humaines, soucieux de la nature. Des caractéristiques dont les excès sont soulignés par les personnes interrogées : "Ils peuvent manquer de fantaisie"; "ils manquent de fun". 

Les sondés reconnaissent en général les réussites du modèle allemand, parfois un peu idéalisé: la productivité de l'industrie de pointe, la qualité des automobiles notamment; les sacrifices consentis pour renforcer l'économie ("L'Allemagne est mieux préparée. Les autres pays vont suivre ses pas"); la capacité à se projeter dans l'avenir avec un système d'éducation perçu comme plus performant. 

A l'arrivée, les Français estiment que l'Allemagne exerce un leadership en Europe et que beaucoup de pays devraient s'en inspirer pour sortir de leur situation actuelle. Un sentiment qui laisse poindre un léger complexe d'infériorité des Français et le sentiment en même temps d'une certaine arrogance allemande. 

La RFA est perçue comme un pays plus stable où l'Etat serait plus protecteur. Le taux de chômage inférieur au nôtre, l'organisation du temps de travail, les infrastructures culturelles et sportives, le logement et le coût de la vie jugés moins cher sont mis en avant par les sondés.

Des critiques demeurent contre le modèle allemand : la difficulté pour les femmes à concilier travail et vie familiale ("Pour les femmes c'est l'horreur"), une société jugée traditionnaliste, une intégration qui serait moins avancée des immigrés ou encore la démographie vieillissante.

Les Français estiment que leur pays et l'Allemagne sont unis dans la crise. La relation entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel est perçue comme positive. Même si le couple est plutôt vu comme une union de raison. Un couple que les Français jugent déséquilibré : "c'est l'Allemagne à la tête de l'Europe", "la France veut sauver la face mais c'est l'Allemagne qui décide", "Sarkozy propose, Merkel impose".

Hormis l'économie, le poids de l'histoire reste important. Les Allemands sont perçus comme un peuple que son histoire unit dans un certain repentir. La seconde guerre mondiale et la Shoah marquent toujours l'image de l'Allemagne d'aujourd'hui, également chez les jeunes Français. Et dans les événements récents, c'est la chute du mur et la réunification qui sont marquants pour les sondés.

La perception du pays recouvre des appréciations différentes selon les régions évoquées. Berlin arrive très loin parmi les références positives des Français. La vitalité culturelle de la ville (musées, musique classique, vie alternative), ses nuits festives, son avant-garde, la qualité de la vie séduisent les Français pour qui Berlin symbolise l'Allemagne contemporaine. Le reste du pays emballe moins de l'autre côté du Rhin. Il est perçu comme plus traditionnaliste et rural. 

Plus globalement, la langue allemande ne séduit pas en France ("complexe, pas vraiment chantante"), la gastronomie germanique n'a pas la cote non plus ("lourde, pas très fine") et les curiosités touristiques -à part Berlin- laissent sceptiques ("Y'a la mer, mais elle n'est pas très chaude").

Autre différence dans l'appréciation du pays voisin, en fonction des catégories sociales interrogées. Les jeunes diplômés et les catégories socio-professionnelles supérieures sont plus germanophiles. Ils ont plus voyagé, notamment grâce aux programmes Erasmus pour les plus jeunes ou ils ont rencontré en France des Allemands mobiles. Dans les milieux plus populaires, la connaissance du voisin est plus réduite et souvent moins positive. L'image du touriste allemand moyen en vacances a laissé des séquelles : "On les imagine en sandales, avec des chaussettes buvant de la bière et parlant fort"; "Ils sont assez indisciplinés à l'étranger", "Ils aiment surtout faire les crêpes au soleil".

Globalement, quatre Français sur cinq ont une bonne image de l'Allemagne. Les cadres supérieurs sont plus nombreux (90%) que les ouviers (75%). Dernier distinguo en fonction des affinités politiques : Les sympathisants du MoDem et de l'UMP sont les plus germanophiles (plus de 90%), suivis des écologistes (88%), des socialistes (78%), du Front national (73%). Le front de gauche ferme le ban avec deux tiers d'opinions favorables.