31 oct. 2011 - 15:41
Les traditionnelles vaches sacrées idéologiques qui ont longtemps marqué la droite allemande sont une espèce en voie de disparition. Un des derniers clivages de fond entre la droite et la gauche est en passe d'être déblayé. La CDU, le parti d'Angela Merkel, pourrait bien accepter l'introduction d'un salaire minimum généralisé alors que le pays est un des rares en Europe à ne pas en disposer. Des minimas ont été introduits dans diverses branches, mais il subsiste encore de nombreux secteurs où des salaires très bas sont payés contraignant les personnes intéressées à recourir à des versements sociaux.
L'aile libérale des chrétiens-démocrates n'est pas emballée par cette volte-face. Il y a deux ans, le contrat de coalition conclu entre chrétiens-démocrates et libéraux rejettait très clairement tout salaire minimum généralisé.
Après l'aide aux banques en difficulté au début de la crise actuelle et les prises de participation de l'Etat ou encore l'engagement du gouvernement actuel en faveur d'une transaction financière, les libéraux au sein de la démocratie-chrétienne allemande sont souvent pris à rebrousse poil.
A ces remises en cause du crédo traditionnel de la CDU lié à l'éconmie sociale de marché s'ajoutent d'autres évolutions initiées par Angela Merkel sur des sujets de société. Son parti aujourd'hui reconnait que l'Allemagne est une terre d'immigration. C'est d'ailleurs après l'arrivée au pouvoir d'Angela Merkel que plusieurs conférences ont eu lieu entre les représentants des immigrés et le gouvernement.
Même évolution aussi en matière familiale. La CDU a longtemps prôné le rôle de la mère au foyer. Aujourdh'ui, elle s'engage pour des écoles accueillant les enfants toute la journée et le développement des crêches. Autant de mesures qui doivent permettre aux femmes allemandes de mieux concilier à l'avenir vie familiale et professionnelle.
Jusqu'à l'accident de Fukushima, le nucléaire constituait une véritable guerre de religion en Allemagne. Mais le virage à 180 degrés d'Angela Merkel au printemps et l'abandon du nucléaire durant la prochaine décennie a aussi mis fin à ce clivage de la société allemande. L'abandon de la conscription et la création d'une armée de métier a aussi remis en cause un crédo central de la CDU.
Autant de changements qui passent mal parmi les membres et les dirigeants du parti tenant de positions libérales en matière économique et/ou conservatrices sur les thèmes de société. Beaucoup ne reconnaissent plus leur parti et accusent à demis mots Angela Merkel de se transformer en fossoyeuse de leur mouvement.
Leurs adversaires arguent de la nécessaire adaptation de la démocratie-chrétienne aux réalités actuelles. La reconquête d'un électorat plus jeune et plus citadin, essentiel pour l'avenir, constitue pour les partisans de cette modernisation galoppante une nécessité vitale. Et la disparition des derniers clivages majeurs entre droite et gauche permet à Angela Merkel d'envisager à l'avenir des coalitions multiples associant par exemple les Verts. Une nécessité alors que le parti libéral allié traditionnel de la CDU est moribond.
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