Quand la Grèce avait un roi allemand

La crise de la dette et les positions réservées de Berlin comme des Allemands sur les aides à la Grèce ne contribuent pas à réhausser la popularité de la premiere puissance européenne à Athènes. Et pourtant après l'indépendance du pays en 1830, le premier dirigeant grec a été un roi venu d'Allemagne, Otto.

 

C'est au terme d'une guerre de huit ans contre les Turcs que les Grecs arrachent leur indépendance en 1829. Une république doit être fondée. Mais une quasi guerre civile trouble le pays. Et plusieurs grandes puissances décident de faire du nouvel Etat une monarchie. 

L'heureux élu n'est pas un enfant du pays. Il s'appelle Otto Friedrich Ludwig von Wittelsbach. Le fils du futur roi de Bavière Louis Ier profite sans nul doute du fait que son père ait été un des premiers responsables européens à soutenir l'indépendance grecque. Les bâtiments qu'il fait construire à cette époque dans sa capitale Munich témoignent de son attirance pour la culture grecque.

Le jeune Otto encore mineur arrive dans son nouveau royaume entourée de 3500 soldats bavarois. Jusqu'à son vingtième anniversaire en 1835 une régence dirige les affaires. Celle-ci crée les fondements de la Grèce moderne. La législation s'inspire fortement du modèle allemand. La fameuse loi germanique sur la pureté de la bière est même reprise.

Otto arrive dans un pays très dépeuplé et que la présence ottomane n'a pas laissé dans un état des plus florissants. Il parvient malgré des ressources propres peu importantes à développer des programmes ambitieux grâce à l'argent de la diaspora. Le système scolaire et universitaire grec qui s'imposera plus tard dans la région repose sur son action.

C'est dans la politique culturelle qu'Otto a le plus de succès. L'université d'Athènes en est un témoignage. C'est dans son palais de l'époque que réside aujourd'hui le parlement grec.

Le bilan du roi laisse en revanche à désirer dans d'autres domaines. D'abord à l'intérieur où il n'obtient pas le soutien de ses sujets. Conseillé par son père, il refuse tout d'abord d'accorder au pays une constitution. Il finira par céder en 1844 suite à un soulèvement. Le très catholique Otto refuse par ailleurs toute conversion à la religion orthodoxe ce qui lui aliène un peu plus le soutien de ses sujets. 

Sur le plan extérieur, Otto à la tête d'un Etat trop faible restera à la merci des grandes puissances et ne pourra s'imposer dans la région.

Lorsqu'un deuxième soulèvement se produit en 1862 alors que le roi est à l'étranger, ses tentatives pour rentrer au pays échouent. Il est contraint à l'exil dans sa patrie d'origine la Bavière. Chaque jour, dans sa cour improvisée à Bamberg, on ne parle que le grec entre 18 et 20 heures. Les participants portent des costumes hélléniques. Otto s'éteint en 1867. Ses derniers mots furent d'après des témoins: "Grèce, ma Grèce, ma chère Grèce".

 

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2 Comments

Merci, pour votre article!
Permettez-moi, de corriger une faute:
Le premier dirigant de Grece apres la revolution n' etait pas le roi Otto, mais Ioannis Kapodistrias, grec d' origine de Corfou, qui fut ministre des affaires etrangeres de la Russie (il fut aussi un fontateur de la federation helvetique!) Malheuresement il a eté assassiné et apres, l' Europe a imposé un roi...
Vous avez raison, Otto aimait sincerement la Grece. Beaucoup de Greques croient , que cette dynastie serait plus "greque" que cette des Glücksburg!

découvert votre blog par le lien sur La Gazette, c'est bien de pouvoir vous lire!

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