Alcool et politique : la fin d'un tabou?

"J'ai décidé dans les prochains jours de commencer une thérapie. Les dernières années ont été particulièrement difficiles pour moi tant sur un plan privé que dans ma vie publique. Je suis conscient que je suis alcoolique".

Le communiqué du député chrétien-démocrate Andreas Schockenhoff brise un tabou autour d'un problème qui n'est pas unique dans la vie politique mais dont personne ne parle.Andreas Schockenhoff aux côtés d'Angela Merkel.

Le chrétien-démocrate Andreas Schockenhoff représente le Bade-Wurtemberg au Bundestag, le parlement allemand, depuis 21 ans. Il est vice-président du groupe parlementaire du parti conservateur depuis 2005 et spécialiste des questions internationales. Parlant couramment français, il dirige depuis des années le groupe d'amitié franco-allemand au Bundestag.

Beaucoup connaissaient les problèmes d'Andreas Schockenhoff mais personne n'évoquait publiquement ce tabou. L'accrochage que le député a eu récemment avec une voiture sur un parking alors qu'il prenait le volant dans sa circonscription dans un état d'ébriété avancé l'a poussé à passer à l'offensive. 

La mort de sa première femme, ses cinq enfants à gérer dans une région éloignée de la capitale Berlin, la séparation d'avec sa deuxième femme au printemps, autant de difficultés dans le privé.

Mais dans le passé, d'autres hommes politiques n'ont pas franchi le pas et rendu leur problème public. Quand un ministre dépassé par son poste le quitte en 1994, il le fait officiellement pour "raisons de santé". Le chancelier Willy Brandt soignait parfois ses dépressions récurentes avec un verre de trop comme l'ancien leader bavarois Franz Josef Strauss. L'ancien ministre des affaires étrangères vert Joschka Fischer a un jour comparé le milieu politique à "un rassemblement incroyable où cela pue souvent le schnaps". Un député libéral a eu un succès fou bien involontaire sur youtube avec un discours au Bundestag où ses facultés étaient déjà quelque peu imbibées: www.youtube.com/watch

Plus récemment, les cas de la présidente de l'Eglise protestante allemande Margot Kâssmann (voir l'article "Boire ou prêcher, il faut choisir" sur ce blog le 24 février 2010) avait défrayé la chronique.

Les spécialistes de l'alcoolisme (1,3 million de personnes concernées d'après les estimations en Allemagne) saluent le "courage" du député Schockenhoff et espèrent que son cas servira d'exemple et contribuera à combattre un tabou encore très fort, dans les milieux politiques comme dans la société en général.

 

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