Il y a vingt ans : Berlin 338 voix/Bonn 320

C'était il y a vingt ans jour pour jour et à peu près à l'heure à laquelle j'écris ces lignes : après un débat passionné qui restera dans les annales du parlementarisme allemand, les députés du Bundestag décidaient si Bonn restait le siège du gouvernement et du parlement ou si ce dernier devait être transféré à Berlin. Le vote a été très serré avec 338 voix contre 320. Une page d'histoire se tournait ou se rouvrait. Juste le temps de sauter dans ma voiture pour aller comme beaucoup d'autres Berlinois saluer comme il se devait la décision du parlement sur le Kurfurstendamm, la grande artère de la partie Ouest de la ville.. 

Pour un Français, comme pour beaucoup d'étrangers, il n'y avait aucun doute : c'est Berlin qui devait à nouveau abriter le siège du parlement et du gouvernement. La ville était redevenue la capitale de la république fédérale (c'est toujours le nom du pays) avec le traité de réunification entré en vigieur le 3 octobre 1990. Mais la question épineuse du siège du gouvernement et du parlement avait été laissée ouverte histoire de ne pas se fâcher et de ne pas perturber le mariage Est-Ouest, moins d'un an après la chute du mur. Bien sûr, les Allemands de l'Est étaient très majoritairement favorables à Berlin. Leurs nouveaux compatriotes restaient partagés et beaucoup s'étaient finalement accomodés de Bonn, cette petite ville du bord du Rhin dont la modestie collait bien à une Nation qui préférait souvent ne même pas  prononcer ce mot, traumatisme du nazisme oblige. 

Lorsque le vote intervient le 20 juin 1991, personne ne pense sans doute qu'il faudra encore huit ans avant que le gouvernement et le parlemement ne déménagent à Berlin juste à temps pour y célébrer le dixième anniversaire de la chute du mur. 

Entre-temps, une indemnisation et des compensations substantielles avaient été accordées à Bonn. La majeure partie des fonctionnaires fédéraux y travaillent toujours. Plusieurs ministères y ont toujours officiellement leur siège même si le ministre ne s'y montre pas souvent. Des navettes font le trajet entre  Bonn et Berlin pour transporter fonctionnaires et documents. Les coûts sont régulièrement dénoncés par la cour des comptes. De plus en plus de voix dans le monde politique souhaitent un transfert total de ces ministères à Berlin. Mais le lobby bonnois veille au grain et exige le respect à la lettre de la loi prévoyant ce partage salomonique. Mais le cours de l'histoire finira sans doute par avoir le dessus au profit de Berlin. 

L'ancienne capitale, elle, n'a pas sombré dans une crise après le déménagement du gouvernement et du parlement. Hormis le maintien de nombreux fonctionnaires, elle a encaissé des indemnisations substantielles, abrite désormais différentes institutions onusiennes et héberge des entreprises de poids comme la poste allemande ou Deutsche Telekom. Son université reste un pôle important. La ville compte plus d'habitants qu'autrefois et a vu sa population se diversifier. 

 

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1 Comments

I think that both the fall of the Berlin Wall and Tiananmen Square were turning pntois in our understanding of the world. I'm 30. I was in the fourth and fifth grade when these things happened. I still remember what a big deal the cold war was, how every movie bad guy was Russian, that so many buildings in my home town bore the three inverted triangles indicating a fallout shelter, how, even in the late eighties, I was still taught to hide under my desk in case of a nuclear attack. My girlfriend, who's coming up on 26, doesn't have a clear recollection of these things. To her Soviet-style socialism, the eastern bloc, glasnost, M.A.D. and Mr. Gorbachev, tear down this wall! are all historical relics with no more obvious connection to modern life than the Boer War and the Teapot Dome scandal. What's particularly interesting about that moment in history is that it was also at the same time that computers were becoming household objects. Anyone with experiential memories of the Soviet collapse also remembers a time before the internet, before cell phones and often before cable television. There's a very clear generational divide between people born before the about 1983 and those born after. If only because that's right when CD's first hit the market, we might call them the Analog and the Digital generations. If you have a clear memory of Germans climbing atop the Brandenberg gate, of them chipping away at the wall with hammers and bits of rebar, of whole sheets of graffiti-strewn concrete being tugged down by cranes and, more importantly, if you understood the significance of these events as they took place, you are probably of the Analog generation. If you lack these memories, then you're probably more Digital.

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