Peter Hartz, l'ancien directeur du personnel de Volkswagen, qui était devenu un étroit conseiller du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder se passerait sans doute bien aujourd'hui de voir son nom en permanence à la une des journaux. 

Ses propositions n'avaient été à l'époque qu'en partie traduite dans les faits. L'une d'elle constituait à simplifier le système d'indemnisation du chômage et à développer les incitations pour les chômeurs à accepter un travail. 

Hartz 4 en Allemagne -du nom d'une des réformes de l'ère Schröder- pourrait se traduire par l'aide sociale. Jusqu'à présent, un adulte qui ne touche plus d'indemnités chômage perçoit chaque mois 359 Euros (à quoi il faut ajouter son loyer et le chauffage). Une somme dont bien peu souhaiteraient se contenter pour finir leurs fins de mois, mais qui évite à l'Allemagne d'avoir autant de SDF qu'ailleurs. Et une allocation conçue sur le papier comme transitoire. Dans les faits, elle constitue pour certains une perspective à long terme dont ils risquent de ne pas sortir. 

Le tribunal constitutionnel, très puissant en Allemagne, avait décidé au début de l'année que le mode de calcul devait être plus transparent. Le montant devait être lié à des critères statistiques clairs et non pas le résultat d'une décision politique. 

L'office des statistiques et le ministère des affaires sociales se sont donc jeté sur leurs calculettes. Le résultat est officiel depuis hier: Hartz 4 doit augmenter au 1er janvier prochain de... cinq Euros.

La gauche et les organisations caritatives hurlent, elles qui souhaitaient une hausse sensible. Les allocataires se sentent floués. Reste que le tribunal n'avait pas parlé d'une hausse nécessaire mais d'un nouveau calcul, même s'il est vrai que la différence est modeste. Le gouvernement a sucré aux intéressés au passage les 19 Euros mensuels pour l'alcool et le tabac qui ne font pas partie pour lui des besoins de base; trois Euros sont dorénavant prévus dans ce calcul savant pour l'eau minérale. 

Les sociaux-démocrates dénoncent à tout va un gouvernement asocial. Ils ont la mémoire courte et oublient un peu vite que ce sont eux et leur cher chancelier Schröder qui ont mis ces réformes en place. Le même SPD oublie aussi qu'il est à l'origine du scandale réel qui frappe l'Allemagne la plus pauvre aujourd'hui, à savoir celui de ces personnes qui travaillent mais gagnent à peine plus que Hartz 4. Les sociaux-démocrates avaient introduit la possibilité d'améliorer les maigres salaires de certains en les faisant bénéficier en plus de l'aide sociale. Dans les faits, cela a poussé les employeurs à developper un secteur important avec des mini-salaires trop bas dans un pays où il n'existe pas de SMIC.