Gouvernement allemand: sangliers et concombres

Les cabarettistes se frottent les mains. Les petites vacheries fusent à longueur de journée au sein de la coalition chrétienne-démocrate/libérale qui s'étripe sous les yeux d'une chancelière dépassée par les événements. 

Sur le ring, ou plus exactement sur la scène médiatique, les petites phrases opposent les libéraux et les chrétiens-sociaux bavarois. Les premiers emmenés par leur chef Guido Westerwelle, accessoiremment ministre des affaires étrangères et vice-chancelier, sont en chute libre dans les sondages. La nervosité gagne. Et les peaux de bananes de ses ennemnis bavarois laissent glisser quelques propos vénimeux entre des lèvres d'ordinaire plus circonspectes. 

Un responsable libéral a traité les chrétiens-sociaux bavarois, opposants irréductibles à la réforme voulue par le ministre de la santé, le sémillant Dr Rössler, de "sangliers". Il est vrai que nos amis en culottes de peau ne font pas dans la dentelle. Le récent projet du ministre a été envoyé en deux temps trois mouvements aux poubelles de l'histoire. Les libéraux n'ont pas apprécié. 

Les Bavarois peu connus pour leur dialecte raffiné et leur vocabulaire châtié ont renvoyé l'ascenceur aux libéraux accusés d'être une "bande de concombres". 

 

 

 

Après leur déconfiture sur le dossier de la santé, les Libéraux ont tout fait pour ne pas se faire rouler dans la farine le week-end dernier lors des négociations marathon sur le programme d'économies budgétaires du gouvernement. Ils avaient dû déjà abandonner leur thème de campagne éternel à savoir la baisse des impôts assez surréaliste en cette période de caisses maigres. Alors pour ne pas avaler d'autres couleuvres peu digestes, ils se sont battu héroïquement pour qu'il n'y ait pas à l'inverse de hausses d'impôts. Ils ont gagné le premier set. Mais c'était sans compter sans certains chrétiens-démocrates "gauchistes" qui estiment qu'une rallonge fiscale pour les plus riches aurait été de bon aloi pour rendre les économies politiquement plus digestes et moins anti-sociales. Et même des millionnaires -la clientèle typique des libéraux- publient une pétition demandant à payer plus d'impöts. Où va-t-on? ...

Dernier affront en date. Angela Merkel ignorer purement et simplement la décision du ministre libéral de l'Economie Brüderle de ne pas soutenir Opel à travers des garanties étatiques afin que l'entreprise décroche des prêts meilleurs marchés. La chancelière rencontre ce jeudi les patrons des régions concernées et compte bien trancher dans un sens inverse. A l'heure où on lui reproche des mesures d'économies pas très sociales, flatter les syndicats dans le sens du poil ne serait pas une mauvaise idée. Les libéraux et le malheureux ministre Brüderle déjà pas très brillant dans son rôle enragent.

Tombés à cinq pourcent dans les derniers sondages (contre près de 15 aux dernières élections de septembre dernier), ils sortent maintenant un joker de leur chapeau de plus en plus dégarni. Ils menacent de faire des infidélités à la chancelière et pourquoi pas de voter lors de l'élection présidentielle du 30 juin pour le candidat présenté par la gauche, le très respecté et très respectable Joachim Gauck, ancien dissident est-allemand et ancien directeur des archives de la Stasi, la police secrète de la RDA. 

Sa victoire face au très pâle Christian Wulff, le ministre-président chrétien-démocrate de Basse-Saxe présenté par Angela Merkel serait une claque magistrale pour la chancelière qui n'a besoin de ça. Mais on n'en est pas encore là.

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