De la guerre totale à TV Total

Berlin, en plein centre-ville. A gauche un bunker de la seconde guerre mondiale si résistant qu'il n'a jamais pu être détruit. Au dessus, le "Sozialpalast" un ensemble de logements sociaux qui revient de loin. Un nouveau projet confirme le tournant positif de cet immeuble promis il n'y a pas si longtemps à la démolition.

Au début était le Sportpalast, une grande halle multifonctionnelle qui pouvait abriter à partir de 1910 jusqu'à 10.000 personnes. Elle fait immédiatement parler d'elle grâce à la patinoire artificielle qui y est installée, la plus grande du monde et qui remporte un grand succès populaire. 

Durant les folles années 20, le bâtiment est très prisé. Des combats de boxe avec "Hans le blond" ou "le Turc terrible" y attire les masses. Le Sportpalast innove avec une compétition d'équitation à partir de 1923. Les six jours cyclistes de Berlin qui existent toujours y ont également lieu et lorsque des films sont projetés, le "palais des sports" peut se vanter d'être le plus grand cinéma du monde.

Les partis politiques louent de plus en plus le  lieu sous la république de Weimar. Après 1933, les Nazis ont le monopole. Leurs concurrents sont éliminés. Le discours de Goebbels du 18 février 1943 (voir photo ci-dessus) rentre dans l'histoire. Le ministre de la Propagande de Hitler y évoque la "guerre totale" et prépare les Allemands au pire. 

Endommagé par des bombardements, le bâtiment reprend du service après la guerre et abrite des concerts des Pink Floydd, de Jimi Hendrix, de Ella Fitzgerald ou Lionel Hampton. 

Mais en 1973 sa carrière s'achève. Le "palais des sports" est rasé et laissse la place à un énorme complexe d'habitation en béton avec bunker incorporé. Une grande barre enjambe une rue. Avec le temps, la paupérisation gagne. Aujourd'hui, environ 1500 personnes vivent dans 500 logements. Ils sont originaires de quarante pays; les étrangers y sont très nombreux. Le "Sportpalast" est rebaptisé "Sozialpalast", le "palais social". Mais il faut plutôt comprendre "le palais des problèmes sociaux". 

Les paraboles fleurissent sur la façade. Elles permettent aux habitants de rester en contact avec leurs pays d'origine. Un artiste a proposé d'utiliser ces objets et de les décorer, avec l'accord des résidents. 

Du coup le bâtiment reprend un peu de couleur. Le projet a contribué à renforcer la communication entre les résidents. L'artistes a dû boire beaucoup de thé pour discuter avec les habitants de la future décoration de leur parabole. Le projet confirme une évolution entamée ces dernières années de réhabilitation sociale de l'ensemble considéré comme réussi alors que des "quartiers à problèmes" ailleurs à Berlin méritent plus que jamais leur nom. 

 

Tags :

0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.