Et puis, il y a des pères de famille BCBG et autres « Frauen » aux abords compassés que l’on voit lors des manifestations des « patriotes européens contre l’islamisation de l’occident » -en abrégé Pegida- ou dans d’autres sauteries plus ou moins sympathiques. Les déclassés n’y sont qu’une minorité et la classe moyenne à l’existence replète y fleurit.
Mais les peurs de ces « citoyens inquiets » n’ont souvent pas grand-chose de rationnel. Ces Allemands protestent contre des responsables politiques accusés de ne pas les écouter, voire de les ignorer ; ils dénoncent des médias mensongers qui ne diraient pas la vérité surtout lorsque les informations ont le tort de ne pas plaire à ces citoyens revêches. Ajoutez à cela des craintes pour une identité allemande qui serait menacée et des rumeurs des plus folles sur des étrangers égorgeurs d’enfants et violeurs à tout va, et vous obtenez un cocktail détonant que des arguments rationnels peuvent difficilement combattre.
Il faut dire aussi que la stratégie de certains responsables politiques, surtout à gauche, est contre-productive. Ce n’est pas en traitant ces concitoyens de « racaille » ou de « néo-nazis en costume rayé » que l’on va faire changer d’avis les intéressés. Au contraire, de telles déclarations ne font que renforcer leur détermination. Une stratégie consistant à démonter les arguments simplistes souvent entendus serait plus intelligente et plus efficace.
Reste que ces inquiétudes demeurent et relèvent avant tout du fantasme. Aucun Allemand n’a ces dernières semaines eu à supporter le moindre désagrément concret suite à l’arrivée de réfugiés. Les impôts n’ont pas été augmentés et ne le seront pas. Personne n’a perdu son travail. Le pays fonctionne toujours et plutôt bien. Seuls des écoliers ont plus de temps pour regarder la télé, certaines installations sportives ayant été réquisitionnées pour héberger des réfugiés.
Leur arrivée massive pourrait coûter 16 milliards cette année. Mais l’Allemagne peut se le permettre avec des finances publiques saines. Certes le pays est confronté à un défi historique. Mais les conséquences concrètes pour la population restent insignifiantes comparées à celles auxquelles de nombreux pays européens en crise, notamment au Sud, ont été ou sont encore confrontés avec notamment un chômage massif.