Mutti en campagne

Sa vie privée reste un tabou. Même des personnes très proches n'ont jamais mis les pieds dans son appartement. Et Angela Merkel n'inviterait jamais un homologue dans sa modeste résidence secondaire au Nord de Berlin. Interrogée sur ces questions, la chancelière se referme comme une huître sur la défensive. Mais pour la campagne électorale 2013, Angie, la mère de la Nation -en allemand "Mutti"-, la joue "people". 

Le livre du caricaturiste Heiko Sakurai : "Pas de problème, Mutti est au volant" Sur la plaque, on peut lire "Moi, numéro 1". 

Un journaliste allemand l'a récemment surnommée "la reine d'Allemagne". Un des nombreux biographes de la chancelière vient de sortir un livre intitulé "L'Allemande-Angela Merkel et nous". Ralph Bollmann y explique pourquoi l'Allemagne est symbolisée par sa chancelière et pourquoi ses concitoyens s'identifient à Angela Merkel. Forte d'une popularité hors du commun pour un chef de gouvernement, celle qui dirige l'Allemagne depuis huit ans et est candidate à sa succession a pourtant suscité beaucoup d'interrogations. 

Sa socialisation dans une RDA où elle n'était pas une dissidente mais réservée à l'égard du régime est sûrement passée par là. Angela Merkel est connue pour sa prudence et son tempérament qui l'incline très peu à se livrer. Quant à sa vie privée, elle est longtemps restée plus que protégée. Son mari Joachim Sauer, un chimiste de renom, ne fait que de très rares apparitions aux côtés de son épouse au festival de Bayreuth une fois par an ou lors de sommets internationaux où il s'occupe des first ladies. 

Départ en vacances en juillet. Madame et Monsieur (au centre) portent eux mêmes une partie de leurs bagages encadrés par des gardes du corps. 

Pour sa troisième campagne électorale, Angela Merkel a visiblement décidé de jouer habilement la carte "people". En mai, elle s'est livrée pendant une heure et demie à une discussion dans un théâtre berlinois interrogée par le magazine féminin "Brigitte". Elle a expliqué -après une longue hésitation- qu'elle regardait d'abord les yeux chez les hommes. Plus récemment, elle a raconté à un magazine branché qu'elle croyait toujours à l'amour éternel, même si son premier mariage (avec M. Merkel) n'a pas duré bien longtemps. On pouvait lire dans la même interview que  le truc le plus fou qu'elle avait fait en étant jeune avait été de boire du vin de cerises... ou qu'elle regarde parfois "Inspecteur Barnaby" à la télé. 

Le nouveau site www.angela-merkel.de donne livre aussi de nombreux détails sur la chancelière avec seulement deux rubriques "vie privée" et "politique". A la première personne et avec des photos de famille, Angie raconte son enfance heureuse avec son frère et sa soeur dans la campagne du Brandebourg. Elle parle de son mari, de leur goût pour la nature et l'opéra. Angela Merkel raconte sa passion pour le jardinage et les légumes et ses plats préférés, de la cuisine allemande bien typique, des roulades de viande et de la soupe de pommes de terre. Quant à ses gâteaux, son mari, fils de pâtissier, fait parfois des réclamations.

Un psychothérapeute a récemment analysé le rôle de "Mutti" que joue Angela Merkel pour le peuple allemand. Une mère bienveillante et souriante qui n'a pas la dureté de certains mâles ou d'une Margaret Thatcher (malgré une volonté de pouvoir à tout crin). Une mère qui rassure et à qui on s'abandonne, surtout quand les enfants ne comprennent pas très bien les choses compliquées que Mutti se coltine à longueur de journée. Une sorte de madonne qui immunise contre les dangers qui rôdent et la réalité du monde cruel qui nous entoure. 

Angela Merkel et sa pose favorite

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