La république bananière de Bavière

Ach la Bavière ! L'accent rustique et si authentique de ces autochtones. Les culottes de peau et autres Dirdnl, ces robes tradtionnelles qui mettent les généreuses poitrines des indigènes en avant. La fête de la bière et ses excès dyonisiaques, le château de Neuschwanstein et l'icône gay Louis II.

Et puis des affaires toujours des affaires qui font la plus grande joie des cabarettistes allemands : entre Uli Hoeness du FC Bayern et ses comptes en Suisse, un tribunal infoutu d'organiser décemment un procès pourtant historique contre des néo-nazis et des hommes politiques qui emploient bobonne sur les deniers de la région, on ne s'en lasse pas. 

Les inventions de la CSU (le parti chrétien-social au pouvoir depuis des décennies) pour la Bavière.

A nouveau, les commentateurs allemands se frottent les mains et peuvent taper à bras raccourcis sur la Bavière. Beaucoup se demandent si cette région en pointe en Allemagne n'est pas plus que jamais une république bananière. Ces derniers jours, on apprenait que différents responsables politiques avaient employé leur femme, leurs enfants ou autre membre de leur famille grâce aux deniers publics. Vendredi, une liste de 79 députés concernés a été publiée. Si certains emplois sont légaux, moralement cela fait mauvais genre. 

La CSU, le parti conservateur au pouvoir depuis des lustres, doit couronner ce week-end le bouillonnant patron de la région Horst Seehofer omme tête de liste en vue des prochaines élections de septembre. Autant dire que l'affaire tombe mal, même si des députés de gauche sont aussi concernés. 

"les affaires ne se limitent pas à la CSU. La CDU emploie sa maman (le petit nom d'Angela Merkel) comme présidente du parti et chancelière"

Et la CSU qui a des liens quasi symbiotiques avec le FC Bayern, incarnation sportive du succès de la région, se serait bien passée de l'affaire de fraude fiscale autour du président charismatique du club Uli Hoeness. Car l'intéressé sans être membre de la CSU ne fait pas mystère de ses affinités avec le quasi parti unique bavarois. Et avec Angela Merkel ce qui explique la prise de distance du porte-parole de cette dernière au début de l'affaire. 

Le président de la CSU et ministre-président bavarois Horst Seehofer a des trous de mémoire: "Hoeness... Uli Hoeness? Hoeness. Je ne me rappelle pas. Vous pensez que je devrais le connaître ?"

Et la Bavière toujours et encore avec le procès qui s'ouvre lundi contre la cellule néo-nazie NSU qui a tué durant la dernière décennie dix personnes dont neuf d'origine étrangère. Longtemps les autorités n'ont pas suspecté cet arrière-plan néo-nazi et plutôt enquêté sur des règlements de comptes familiaux. De grossières erreurs ont été commises. Le procès est donc très attendu et constitue une chance de "réparer" ces erreurs passées.

Or ces dernières semaines, le tribunal de Munich a fait preuve d'un amateurisme et d'un aveuglement obtus incapable de prendre en compte la portée politique du procès et l'intérêt médiatique qu'il suscite en Allemagne comme à l'étranger. La procédure d'accréditation des journalistes a été annulée, aucun média turc -pays dont sont originaires la plupart des victimes- n'ayant dans un premier temps été retenu- ce qui a provoqué d'innombrables critiques. 

Les juristes de Munich se sont refusé à organiser ce procès historique dans une salle plus grande ou à autoriser une retransmission video dans une salle voisine pour satisfaire les demandes nombreuses des journalistes ce qui se pratique souvent dans d'autres pays. De nombreuses erreurs ont été commises faisant des juges de Munich la risée de l'Allemagne et faisant malheureusement passer à l'arrière-plan les faits et notamment la douleur des proches des victimes. 

caricature critiquant le manque de doigté et de sensibilité des juges de Munich.

 

Tags :

0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.