Pourvu que Merkhollande ne remplace pas Merkozy

Caricatures, commentaires négatifs, titres à l’emporte-pièce : depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, on a l’impression en exagérant que le franco-allemand approche de la fin. La situation est-elle aussi catastrophique ? Certainement pas.
 

Certes les prémices n’étaient pas les meilleures après le refus d’Angela Merkel de recevoir le candidat Hollande et l’engagement résolu de la chancelière pour Nicolas Sarkozy. Le nouvel hôte de l’Elysée avait durant la campagne électorale et après son élection remis en cause un des projets phare d’Angela Merkel, le pacte budgétaire, grâce auquel Berlin souhaite qu’à l’avenir l’Europe évite de retomber dans les ornières du passé.

Merkozy appartient depuis le 6 mai au passé. On a il est vrai trop vite oublié les bisbilles entre les deux pôles de ce couple durant la première partie du quinquennat de Nicolas Sarkozy, le fait que Merkozy avait eu une naissance tardive et que le directoire franco-allemand qu’il constituait irritait beaucoup en Europe, par son dirigisme comme par le côté unilatéral des propositions qu’il faisait.
La situation est devenue plus inconfortable pour Angela Merkel depuis deux mois. Non seulement elle a affaire à Paris avec un partenaire qui défend des thèses différentes à commencer par le playdoyer hollandien pour plus de croissance et contre la seule rigueur. Le soutien plus ou moins explicite obtenu par le nouvel hôte de l’Elysée de pays comme l’Italie et l’Espagne ne rende pas la position de Berlin plus aisée.
Mais tout cela se relativise en prenant un peu de hauteur. D’abord, tous les nouveaux couples franco-allemands ont besoin de temps pour se rapprocher. On l’a vu pour Nicolas Sarkozy et Angela Merkel comme pour Gerhard Schröder et Jacques Chirac dix ans avant. Ensuite, la campagne pour les législatives en France qui a suivi immédiatement la présidentielle n’a pas contribué dans l’hexagone à jouer le compromis histoire de séduire des électeurs de gauche irrités d’un alignement qu’ils critiquaient de Nicolas Sarkozy sur Berlin.
Dans les milieux gouvernementaux en Allemagne, on tablait d’ailleurs sur la fin de cette étape électorale pour en revenir à un fonctionnement normal du couple franco-allemand. Et accessoirement on comptait aussi –ce qui se réalise actuellement- sur la dure réalité de la situation économique et financière de la France pour que Paris s’aperçoive au-delà des trémolos de campagne que les marges de manoeuvre restent limitées.
A l’arrivée, après le sommet européen de la fin juin, que retenir malgré le ton victorieux en France ? Des accents d’ailleurs pas très encourageants pour l’avenir si l’on salue la victoire d’un pays sur tel autre dans des négociations plutôt que de se demander si l’Europe a avancé.
Certes, François Hollande a pu rentrer à Paris fort d’un volet croissance. Mais les mesures étaient déjà en gestation avant son arrivée au pouvoir. Et leur impact macroéconomique reste bien modeste comparé à ce qui a été injecté dans les économies après 2008. Quant à une véritable renégociation du pacte budgétaire, elle n’a pas eu lieu. Comme pour Lionel Jospin en 1997 qui critiquait un pacte de stabilité trop axé sur la rigueur financière, on s’est contenté de rajouter un avenant au texte. Le coeur de ce dernier d’inspiration merkelienne demeure.
Plus largement, la fin de Merkozy donc d’une symbiose franco-allemande, illusion ou réalité, est plutôt une bonne chose. L’alignement d’un pays sur l’autre ne peut qu’être factice et fait passer sous le tapis des différences naturelles propres aux traditions culturelles et économiques qui ne doivent pas forcément déboucher sur un blocage mais peuvent être en cas de compromis un enrichissement. Car les deux pays en s’entendant –et de préférence en associant en amont d’autres partenaires- peuvent accoucher de propositions susceptibles de remporter un large soutien, l’Allemagne et la France étant en quelque sorte les prototypes de deux modèles économiques européens.
Enfin, la fin d’une symbiose est plus saine car moins excluante. Comme dans un couple replié sur lui même qui négligerait les amis de l’un ou de l’autre, une relation fusionnelle peut vite s’user et susciter l’incompréhension de ceux qui restent sur la touche. Les partenaires européens peuvent avoir encore une fois le sentiment justifié qu’un directoire franco-allemand dirige l’Europe.
Au-delà de la gestion des crises au jour le jour, François Hollande et Angela Merkel ont dans les prochains mois la chance de prouver que leur entente ne consiste pas en un remake un peu creux d’une messe tenue à Reims il y a cinquante ans. Avec le cinquantenaire en janvier prochain du traité d’amitié entre les deux pays, ils peuvent par des propositions fortes, bilatérales ou européennes, abandonner les « Sonntagsreden », les incantations vides du dimanche, http://www.clubrfiberlin.net/wp-content/uploads/2012/07/Hollande-bises.mp3 pour lancer une nouvelle étape frappant les esprits et convaincant leurs peuples.

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