Berlin ne s'envoie plus en l'air

"Blamage"-traduisez "la honte": depuis deux jours, Berlin subit EINE KATASTROPHE; Pas de krach boursier ou de tsunami. Non, le futur grand aéroport international qui devait ouvrir en grandes pompes pour le 3 juin n'ouvrira pas ses portes à la date prévue. Ce deuxième retard annoncé in extremis, officiellement parce que des protections incendie ne sont pas au point n'arrange pas vraiment la réputation de la capitale allemande. Le Berlin-Bashing connait un boum certain.

"Le plus moderne d'Europe", fonctionnel, économique (bon, 2,5 milliards d'Euros quand même !) et écologique comme il se doit. Les brochures flambant neuves glorifiaient il y a peu encore le nouveau grand aéroport "Willy Brandt" du nom de l'ex-maire de Berlin-Ouest et ancien chancelier.

Comme souvent pour ces projets pharanoniques, les retards sont au rendez-vous. En 2010, l'inauguration initialement prévue pour l'automne 2011 était repoussé au 3 juin 2012. Bon, jusque là, rien de dramatique.

Mais quand les responsables du BER (son petit nom dans le jargon aéronautique) et les édiles doivent se présenter contrits devant la presse mardi, à moins d'un moins de la glorieuse ouverture, afin d'nnoncer son report, cela fait mauvais genre pour cet aéroport "de la nouvelle génération".

Depuis deux jours, Berlin et les responsables du BER sont la risée de l'Allemagne. Mais sur place on ne se prive pas non plus pour enfoncer un peu plus ce qui ressemble à de l'amateurisme pur sucre. 

Bon, il vaut dire qu'au pays des ingénieurs ingénieux et des planificateurs planifiants, tout imprévu aussi minime soit-il se transforme vite en catastrophe nationale. Mais on peut il est vrai s'étonner que personne n'ait rien vu venir. Ou que nos techniciens de première aient même déposé une demande d'autorisation en avril pour -avec du personnel intérim embauché à toute vitesse- faire ouvrir en cas d'incendie à la main des portes de protection qui coincaient. Cela rappelle quelque peu des horizons disons plus "méridionaux". 

Petit rappel historico-culturel: Berlin fut naguère entiché du surnom de "Spree-Athen", l'Athènes de la Spree, du nom de la grosse rivière qui traverse la ville. Une façon comme une autre dans les marécages brandebourgeois de l'époque de se la jouer.

Aujourd'hui, à l'heure où d'aucuns -à commencer par la presse populaire- tapent à bras raccourcis sur les "Pigs" du Sud de l'Europe (voir les chers Athéniens dont la référence est moins flatteuse aujourd'hui), ces incapables qui jettent l'argent par la fenêtre, on ne peut s'empêcher de sourire. La gestion du nouvel aéroport depuis ces prémices il y a vingt ans jusqu'à aujourd'hui n'a pas été un modèle. Un édito rappelle ce matin méchamment que la pyramide de Kheops a été construite à mains d'homme plus rapidement.

Du coup, le Berlin Bashing qui ne demande qu'à s'enflammer à nouveau dans une Allemagne où on se gausse souvent d'une capitale "pauvre mais sexy" pour reprendre la citation de son maire qui voudrait jouer dans la cour des grands sur fond de cour... des miracles. 

Le quotidien à sensation "Bild Zeitung" titre ce jeudi: "Pourquoi un pays aussi performant a-t-il une capitale de seconde zone?". A sa défense, la ville a beaucoup de charmes. Mais en matière de gestion et plus particulièrement de transports en commun, ou autres, le bilan est plus pauvre que sexy. 

Il y a deux hivers, les piétons pendant des semaines ont joué à Holiday on ice sur des trottoirs recouverts de glace que personne ne nettoyait. Et comme les seniors, de plus en plus nombreux dans ce pays vieillissant, ne patinent pas comme l'ex-star est-allemande Katharina Witt, la consommation de plâtre dans les hôpitaux a battu des records.

A Berlin, on roule pas mal en vélo. Bon, les pistes cyclables sont un peu cahotantes et mal entretenues ce qui raffermit il est vrai les fessiers. Les amortisseurs des voitures, même made in Germany, se ramolissent face à des nids de poules abyssaux. La gestion des innombrables chantiers à tous les coins de rue n'a pas grand chose de scientifique et les déviations constituent la norme d'une ville en permanente transformation.

Quant aux transports en commun, certes le réseau est sur le papier performant. Mais évitez le S-Bahn, l'équivalent du RER parisien car on ne sait jamais si il marche, quelles lignes fonctionnent, sont interrompues. Des années d'économies ont obligé à retirer de nombreux wagons de la circulation, Berlin faisant alors avec brio concurrence à la Corée du Nord. 

Cette liste n'a rien d'exhaustif et on pourrait évoquer les 60 milliards de dettes de la ville (bonjour Athènes!), son personnel politique de troisième zone, son chômage record, ses beaufs en jogging une saucisse et une bière à la main sans oublier une équipe de foot Hertha BSC au bord du gouffre. Il est vrai que le nouvel entraîneur Otto Rehagel a longtemps dirigée l'équipe nationale grecque.

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1 Comments

IL y a d'ailleurs maintenant un groupe Facebook qui s'intitule "Berlin Brandenburg Flughafen 2025" :D
Faut le prendre avec philosophie n'est-ce-pas!

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