Fête nationale le 3 octobre : l'Allemagne terre promise?

Les Allemands et leur nation, c'est un sujet complexe. Il est vrai que  le  Troisième Reich est passé par là. Surtout à gauche, il est de bon ton de mépriser son pays, de rejeter les valeurs nationales. L'extrême-gauche n'hésite pas à proclamer "Plus jamais l'Allemagne". L'auto-flagellation et la castration sont en la matière de mise.

Assez étonnant donc de voir un quotidien issu de cette mouvance, la "Tageszeitung" de Berlin, publier un long article à l'occasion de la fête nationale d'un ancien collègue Bernhard Pötter de retour au pays après cinq ans à Paris. Ses propos détonnent dans cette gazette. Morceaux choisis.

Le retour après cinq années à Paris a été dur sur le plan culinaire et esthétique. Le vin, la baguette et le fromage sont autrement meilleurs au bord de la Seine. Et le public matinal dans le métro berlinois avec force tatouages et bière à la main contraste fortement avec le chic parisien.

Mais une fois rentré à la maison, je m'aperçois que l'eau du robinet ne sent pas le chlore. Les enfants peuvent prendre seuls les transports en commun pour aller à l'école où nous parents avons même le droit de pénétrer. Tout le monde peut s'inscrire dans des associations sportives. Des pommes bio et des lessives écologiques s'empilent dans les supermarchés. A la télé, les hommes politiques sont interrogés par des journalistes qui ne sont pas leurs copains.

Après cinq années à l'étranger, je m'en rends compte: il fait bon vivre en Allemagne. Et j'ai bien du mal à comprendre mes concitoyens qui n'arrêtent pas de râler.

(...) Plus on vit longtemps à l'étranger plus on s'en aperçoit: ça ne fait pas mal d'être allemand. Au contraire. Notre pays est ouvert, riche, civilisé, sûr, social, engagé et sait faire preuve d'auto-critique.

(...) En France, les Allemands, champions du monde des voyages profitons des plages et des restaurants. Tout en fermant les yeux sur un pays où le respect de l'autorité est essentiel, où le parlement et les médias exercent à peine leur fonction de contrôle et où la même caste composée d'anciens élèves des grandes écoles domine l'économie et la politique. 

(...) Bien sûr, notre pays a aussi ses aspects négatifs. La coupure entre riches et pauvres s'élargit; l'accès à l'éducation dépend du salaire de papa; des régions entières sont dominées par l'extrême-droite; notre rapport aux réfugiés et aux étrangers fait honte. 

(...) Mais ce pays fonctionne. Il nous garantit une existence luxueuse par rapport à d'autres. (...) L'Allemagne riche n'est pas pingre. Nous effectuons des dons par millions pour les victimes de tremblements de terre ou pour Greenpeace et nous sommes des contributeurs conséquents et fiables des organisations onusiennes. L'Allemagne est un pays civil où l'armée  n'a quasiment pas de rôle social contrairement aux Etats-Unis, à la France ou à la Russie. (...) Une émission télévisée comme "Hurra Deutschland" ne peut chez nous être qu'un programme satirique. 

L'Allemagne est tellement libérale qu'elle est gouvernée par une femme remariée sans enfants, un handicapé, un homosexuel et un ancien boat people vietnamien.

 

Pour les germanophones l'article de Bernhard Pötter dans la "Tageszeitung":

http://taz.de/Zum-21-Tag-der-Deutschen-Einheit/!79098/

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