Un communard dans la jungle

Ses anciens compagnons de route les plus sympathiques parlent d'un "traître"; les plus méchants lui souhaitent que les bestioles rencontrées dans la jungle australienne fassent passer un mauvais quart d'heure à ses atours les plus intimes. Rainer Langhans, la figure la plus emblématique avec Uschi Obermaier, de la "Kommune 1" à la fin des années 60 à Berlin participe depuis quelques jours à une émission trash de la télévision privée RTL. 

La révolte de 68 en Allemagne n'a pas été que politique. En réaction aux moeurs plus qu'austères de l'après-guerre, la jeune génération prônait une libération des moeurs. Dans un Berlin-Ouest où toutes les expériences étaient possibles, certains n'ont pas hésité à briser les tabous existants en créant la "Commune 1". On y défendait l'amour libre et on rejettait la fidélité sexuelle traditionnelle entre des partenaires bien établis et stables. 

Les deux stars de cette commune étaient Rainer Langhans et Uschi Obermaier. Le premier s'était engagé quelques années plus tôt dans l'armée avant d'abandonner les armes et s'était reconverti dans des études de psychologie. La très sexy Uschi Obermaier que des célébrités comme Mick Jäger conquérir plus tard constituait avec le jeune homme à la chevelure volumineuse et aux lunettes d'intello le couple le plus médiatique, célébré par d'aucuns et honni par les conservateurs comme des suppôts de Sodome et Gomohre. 

Langhans a certes participé à des actions politiques comme les préparatifs d'un attentat au pudding contre le vice-président américain Hubert H. Humphrey pour protester contre la guerre du Vietnam. Mais les plans du projet ont capoté. Et pendant que certains soixante-huitards se laissaient séduire par la lutte armée et la fraction armée rouge, que d'autres s'engageaient dans des groupes radicaux d'extrême-gauche, Rainer Langhans, lui, se retirait dans le quartier bohême de Munich, Schwabing. Il y a créé un harem avec plusieurs femmes. Mais chacun a son appartement. Et l'ancien communard toujours habillé en blanc et arborant toujours la même chevelure a depuis détruit quelques mythes estimant que le sexe était une inutile perte de temps et d'énergie. 

Avec une mini-retraite de 200 Euros, Rainer Langhans survit avec des petits jobs et en se vendant dans les médias. Mais sa dernière prestation en a laissé beaucoup pantois. Moyennant un honoraire de 50.000 Euros, l'ex-communard a rejoint depuis quelques jours des starlettes assez pitoyables du show business ou des médias allemands pour un séjour dans la jungle australienne. L'émission est baptisée "Sortez moi de là, je suis une star". 

Les participants de cette nouvelle édition sont soumis à des épreuves aussi peu ragoutantes les unes que les autres pour le plus grand plaisir des téléspectateurs. On y ainsi vu un Rainer Langhans en gourou impassible dans une sorte de cercueil en plexiglas avec 30.000 insectes peu appétissants faisant de l'alpinisme soixante-huitard. Les candidats doivent parfois manger des bestioles voire des testicules d'animaux peu sexy. Bon appétit bonsoir!

On s'en doute, les soixante-huitards purs et durs hurlent à la trahison sur l'autel du profit, de la télévision sensation, nouvel opium du peuple, une fois de plus aveuglé par des capitalistes aux ressources infinies. 

Rainer Langhans dont l'amour de la mise en scène se confirme une fois de plus se défend. Pour lui, l'émission trash de RTL est une commune grandeur nature. La boucle serait bouclée pour le septuagénaire toujours fringant. Reste à savoir qui sera la nouvelle Uschi Obermaier. 

http://www.ichbineinstarholtmichhierraus.de/

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