La plupart des médias allemands parlent toujours de Andreas L. pour évoquer le co-pilote de l'avion de Germanwings et ne publient des photos du jeune homme qu'en rendant son visage non reconnaissable. Lorsque j'ai repris sur mon compte Twitter vendredi (@pthibaut) la photo ci-dessus le montrant devant le Golden Gate Bridge à San Francisco, un collègue de la télévision publique allemande Phoenix m'a demandé "cher collègue Thibaut, est-ce bien nécessaire?". D'autres commentaires ont été aussi critiques, leurs auteurs estimant que la protection des données privées était trahie et que cette information n'apportait rien de plus.
La plupart des médias étrangèrs ont rapidement -le procureur français l'avait annoncé- donné le nom en clair du co-pilote Andreas Lubitz et diverses photos ont été publiés. Sur les réseaux sociaux et dans les médias allemands, un débat a été lancé sur le "Sonderweg" germanique, le choix allemand différent de celui de la plupart des pays voisins ou plus éloignés.
En Allemagne, quelques médias n'ont pas choisi cette solution. Il s'agit de la presse populaire à commencer par le plus grand journal européen, "Bild Zeitung" qui a livré ces derniers jours de nombreux éléments. Le rédacteur en chef du quotidien s'est livré une guerre avec ses détracteurs sur Twitter qui lui reprochaient son sensationnalisme. Mais le très sérieux quotidien "Frankfurter Allgemeine" ou avec un certain décalage le magazine "Der Spiegel" ont choisi de donner le nom en clair du co-pilote et de publier des photos.
Le conseil de la presse, chargé en Allemagne, d'émettre des avis sur l'éthique des médias, avait pourtant dans le passé estimé qu'il était possible de renoncer à ses mesures très protectrices en raison de la dimension des faits en question. Une argumentation reprise notamment par le rédacteur en chef de "Bild Zeitung". Par ailleurs, un bloggeur connu insistait ce lundi sur l'hypocrisie de certaines critiques soulignant que les médias répondaient aussi à une large attente du public.