Génocide arménien, une reconnaissance laborieuse

Le pays responsable de la shoah aura eu paradoxalement bien du mal à reconnaître le génocide arménien. Sans la décision récente du pape de le faire et la pression exercée en coulisses par le président Joachim Gauck et plus tard par quelques parlementaires, Berlin serait resté fidèle à sa position traditionnelle évoquant des massacres.

Le texte qui devait au départ être approuvé ce vendredi 24 avril par le Bundestag ne parlait pas de génocide. Pour les responsables allemands, à la chancellerie comme au ministère des Affaires étrangères, il fallait comme dans le passé ménager Ankara et par là même les trois millions de Turcs vivant en RFA, la première communauté étrangère du pays. Des mauvaises langues sussurent même que le champion à l'exportation ne voulait pas mettre à mal les contrats et les ventes de ses entreprises actives en Turquie.

L'intention affirmée du président Gauck d'appeler un chat un chat et de parler de génocide lors d'une cérémonie commémorative a mis le gouvernement à Berlin en difficulté. Le discours du chef de l'Etat la veille de l'adoption du texte par le parlement allait mettre en exergue la difficile position de l'Allemagne. Le président très à cheval sur les questions de morale historique se refusant à nuancer ses propos, d'intenses pourparlers ont eu lieu en coulisses entre la présidence de la république, le gouvernement et le parlement. A l'arrivée, on a accouché d'un texte plus explicite mais malgré tout un peu tiré par les cheveux dans lequel on peut lire : "Le destin des Arméniens est exemplaire de l'histoire des crimes de masse, des épurations ethniques, des expulsions de population et des génocides du 21ème siècle". Pour l'opposition -les Verts et die Linke-, il aurait fallu aller encore plus loin et mettre les points sur les i de l'histoire.

Il n'empêche, le président de la république comme le président du Bundestag au début du débat parlementaire ont ouvertement parlé de "génocide" ce qui marque un tournant dans la position allemande. Les deux responsables ont aussi rappelé la responsabilité voire la complicité de Berlin à l'époque allié de l'Empire ottoman.

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