STA-BI-LI-TE

Les acrobaties sans filet, la monnaie unique sans pacte de stabilité, les voyages sans assurance-vie et les gouvernements sans majorité: non, tout cela passe mal en Allemagne. Dernier exemple en date, l'élection mercredi dans la plus grande région du pays, la Rhénanie du Nord Westphalie, d'une ministre-présidente sociale-démocrate Hannelore Kraft à la tête d'une coalition l'associant aux Verts. 

En soi, rien de révolutionnaire puisque ce type d'alliances existent depuis les années 80 depuis qu'un certain Joschka Fischer a prêté serment en baskets pour devenir ministre dans la région de la Hesse. 

Mais voilà, il manque une voix au nouveau gouvernement de Madame Kraft (en français la force) pour avoir la majorité absolue. La droite -les chrétiens-démocrates et les libéraux- dispose d'un bloc fort de dix voix de moins. Reste les dix sièges de la gauche radicale. 

Dans beaucoup d'autres pays, ce genre de gouvernement fait partie du paysage politique depuis belle lurette. Les projets de loi peuvent être adoptés avec des majorités changeantes. Ou ils ne sont pas bloqués, l'opposition ne pouvant s'entendre ensemble.

Dans un pays encore traumatisé par les errements de la république de Weimar et où tout ce qui n'est pas stable est par définition suspect, certains voient déjà la république en danger, un modèle dangereux à l'oeuvre qui pourrait remettre en cause la démocratie.

Pour ces voix pessimistes, le soutien discret de la gauche radicale est pré-programmé, sans participation au gouvernement et les "communistes" sont de retour par la petite porte. Ces commentateurs oublient qu'une opposition radicale de la droite au nouveau gouvernement pourrait la conduire dans certains cas à voter comme un seul homme avec ces mêmes révolutionnaires qu'ils vouent aux gémonies...

Ces frayeurs paraissent d'autant plus ridicules que le modèle politique allemand est fondamentalement basé sur la recherche du consensus et que les guerres de tranchée droite-gauche ne font pas vraiment partie du paysage. Pourquoi serait-il dès lors impossible au gouvernement rouge-vert d'arrondir lors de tel ou tel vote sa majorité? 

Les blocages dans les têtes devront un jour se dissoudre. Avec un paysage partisan qui compte désormais cinq partis, les coalitions stables et durables d'antan vont devenir de plus en plus difficiles. L'heure est à de nouvelles alliances plus bigarrées et plus inattendues comme la coalition jamaicaine entre chrétiens-démocrates, verts et libéraux par exemple. Le noir et blanc est passé de mode. 

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