A louer: homme politique

"Rent a Rüttgers": le ministre-président de la Rhénanie du Nord Westphalie, le chrétien-démocrate Jürgen Rüttgers, se serait volontiers passé de cette une, surtout à un peu plus de deux mois des prochaines élections. Son parti ne manquait pas d'imagination et proposait aux exposants lors de ses congrès des photos voire des entretiens exclusifs avec Rüttgers.

Avant d'arriver dans la salle où se déroule le congrès des partis allemands, le visiteur doit se frayer un chemin à travers une multitude d'exposants, en général des entreprises présentes avec leur stand. Les partis facturent cette prestation et encaissent ce sponsoring. Indépendamment des recettes qiu permettent de réduire les coûts des grandes messes partisanes, ce type de rentrées financières a aussi des avantages. Contrairement aux dons que les entreprises effectuent aux partis, les recettes de sponsoring ne doivent pas être déclarées individuellement. Lesnoms des sponsors restent anonymes. 

Les tarifs sont variables et fonction de certaines prestations. Le scandale révélé en Rhénanie du Nord Westphalie laisse un goût amer. Moyennant une somme plus importante, le chef du parti, en l'occurence le patron de la région, fait un tour des stands et une photo aux côtés d'un chef d'entreprise rayonnant peut être réalisée. Avec une mise plus importante, le grand homme s'attarde sur le stand et accorde un entretien exclusif à l'exposant. 

En Saxe dans l'ex-RDA où de telles pratiques ont aussi été mises en place par les chrétiens-démocrates une mention dans le catalogue du congrès coûtait 500 Euros; pour 2000 Euros chaque militant se voyait remettre les informations du sponsor qui avait aussi droit à une photo avec le patron de la région; et pour 3900 Euros, le top: un entretien avec ce dernier était assuré. En Rhénanie du Nord Westphalie, région bien plus grande et plus importante, les tarifs étaient sensiblement supérieurs.

Ces informations ont secoué le landerneau politique allemand et des soupçons de corruption pèsent sur la classe politique. A nouveau, des débats surgissent sur la nécessité de mieux contrôler ce genre de pratiques mais aussi les revenus parallèles des hommes politiques. Ces derniers estiment que des activités annexes leur assurent une plus grande indépendance matérielle par rapport à leur parti. Mais quid de leur dépendance par rapport à tel ou tel groupe de pression?

Après les excès de la république de Weimar et le soutien de grandes entreprises à des forces peu démocratiques à commencer par le parti nazi, l'Allemagne de l'Ouest se voulait après la guerre un modèle en la matière avec un financement moderne des partis par l'Etat et des contrôles efficaces. Mais la liste des scandales est longue. On se rappelle il y a dix ans les révélations sur les caisses noires des chrétiens-démocrates mises en place par l'ex-chancelier Kohl. L'affaire avait permis à Angela Merkel de prendre le pouvoir au sein de son parti et plus tard dans le pays. 

Et dernièrement, les informations selon lesquelles le petit parti libéral du ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle avait été soutenu généreusement par la chaîne d'hôtels Mövenpick, pratique toute fait légale, avaient quelques relents nauséabonds. Le même parti a en effet fait le forcing lors des négociations de coalition avec les chrétiens-démocrates à l'automne dernier pour obtenir avec succès une baisse de la TVA pour les hôtels.

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